Les 16 mars dernier, j’ai écrit aux parlementaires de l’opposition du Sénat et de l’Assemblée Nationale pour les inviter à ne pas voter la réforme des retraites.
Cinq d’entre eux m’ont répondu et je les en remercie : Nicolas Dupont-Aignan (Député Debout la France), Stéphane Ravier (Sénateur RN), Bastien Lachaud (Député LFI/NUPES), Emmanuelle Ménard (Députée non inscrite), Cyrielle Chatelain (Députée Ecologiste).
Quatre sont opposés à cette réforme, l’une la votera. Nicolas Dupont-Aignan nous invite à signer une pétition pour réclamer un Référendum d’Initiative Partagée, visant à maintenir l’âge de départ à la retraite à son niveau actuel. J’ai signé cette pétition disponible en cliquant ICI. Stéphane Ravier a signé une proposition de loi pour permettre un Référendum sur la question. Cyrielle Chatelain évoque son soutien à cette proposition
Je partage avec vous leur réponse par ordre chronologique de réception.
Et pour mardi 28/03, je dis vive la grève !
Sylvie Billard
Votre élue citoyenne
Le 17/03/2023 à 08:01, Nicolas Dupont-Aignan a écrit :
Chère Madame,
J’ai bien pris connaissance de votre courriel par lequel vous me faites part de votre inquiétude quant au projet de réforme des retraites du Gouvernement.
Si vous me faites l’amitié de suivre mes prises de position, vous ne pouvez ignorer ma vive opposition à ce que je considère être une réforme à la fois inutile et injuste.
Inutile, parce que je maintiens que la réforme des retraites n’a aucune justification financière, que le Conseil d’Orientation des Retraites reconnait lui-même que notre système n’est pas à l’agonie, et qu’il suffirait de faire des arbitrages budgétaires différents pour trouver les hypothétiques 7 à 10 milliards d’€ nécessaires à l’horizon 2030 : lutter contre les 5 millions de fausses cartes Vitale en circulation (20 milliards d’€), réduire la participation de la France au budget de l’Union européenne (10 milliards d’€), renoncer aux emprunts de l’Etat à taux d’intérêts variables indexés sur l’inflation (15,9 milliards d’€ rien qu’en 2022)…
Je vous invite à ce titre à lire mon dernier livre « Où va le pognon – comment récupérer 100 milliards par an de fraude et de gaspillage pour rebâtir la France », qui détaille beaucoup d’autres domaines dans lesquels il y aurait fort à faire, plutôt que demander aux Français de toujours plus se serrer la ceinture !
Inutile également parce que la véritable pérennisation de notre système de retraites par répartition, devrait passer par une politique nataliste vigoureuse, une relocalisation de l’emploi, une baisse des charges salariales visant à augmenter les salaires sans impacter les entreprises et une baisse des charges patronales visant à faciliter l’embauche, afin d’augmenter sensiblement le ratio actif/retraité, dont je rappelle qu’il était de 4/1 en 1965, alors qu’il n’est plus, désormais, que de 1.7/1 !
Injuste, parce qu’au plan social, cette réforme fait l’unanimité contre elle : patronat, syndicats et salariés… y sont farouchement opposés, en considérant qu’il ne sert à rien de prolonger la durée de l’activité professionnelle jusqu’à 64 ou 65 ans, si la plupart de nos seniors sont sans emploi et placés au RSA à partir de 58 ans. Je vous rappelle à ce titre, que seuls 54,9% des 55/64 ans (étude DARES) bénéficient aujourd’hui d’un emploi. De plus, comment ignorer les résultats de l’étude Indeed datant de novembre 2022, selon laquelle 4 chefs d’entreprises sur 10, ne prévoient pas l’embauche de salariés de plus 45 ans dans un futur proche ?
Rappelons également qu’en dépit d’une espérance de vie à 85 ans, que ne manquent pas de préciser tous les défenseurs de cette réforme, l’espérance de vie « en bonne santé » n’est, elle, que de 64 ans pour les hommes et 66 ans pour les femmes !
Mais ne soyons pas dupes, cette réforme des retraites ne sert qu’un objectif : répondre aux diktats de l’Union européenne et faire subrepticement glisser notre système, unique au monde, de retraites par répartition, fondé sur la Solidarité nationale, vers un système privé de retraites complémentaires par capitalisation via des fonds de pensions style black rock, qui favorisera les plus riches au détriment des plus nécessiteux !
C’est pour toutes ces raisons que j’ai été le premier Député à prendre l’initiative d’une proposition de loi instaurant un Référendum d’Initiative Partagée, visant à maintenir l’âge de départ à la retraite à son niveau actuel, comme le prévoit l’article 11 de la Constitution.
Je vous invite, à ce titre, à signer la pétition disponible en cliquant ICI, car de son succès dépendra la véritable mise en œuvre de cette procédure, qui requiert le soutien de 185 Parlementaires et de 4.700.000 d’électeurs.
Vous comprendrez, dès lors, que je ferai tout mon possible pour m’opposer à ce projet funeste, comme je l’ai d’ailleurs toujours fait. Le Gouvernement venant d’engager sa responsabilité par une énième scandaleuse utilisation du 49-3, je n’hésiterai pas à voter en faveur de toute motion de censure visant à le faire tomber, quel que soit le groupe politique qui en serait à l’origine !
Veuillez agréer, Chère Madame, l’assurance de mes sentiments distingués.
Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne
Conseiller municipal d’Yerres
nicolas.dupont-aignan@assemblee-nationale.fr
01 69 49 29 30
Assemblée nationale 126, rue de l’Université – 75355 PARIS 07 SP
Le 17/03/2023 à 15:14, Stéphane RAVIER a écrit :
Chère Madame,
Merci pour votre message et votre mobilisation.
Hier matin au Sénat j’ai voté CONTRE le texte de la réforme des retraites avant que le gouvernement ne décide de passer en force l’après-midi à l’Assemblée nationale.
En tant que sénateur, je ne peux pas voter de motion de censure, c’est le privilège des députés, mais j’ai signé une proposition de loi pour permettre un Référendum sur la question, pour que le peuple tranche et que le débat ne soit pas confisqué par quelques-uns. Nous avons déjà réuni de nombreuses signatures.
Soyez assurée de ma détermination.
Bien cordialement,
Stéphane RAVIER Sénateur des Bouches-du-Rhône Membre de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées
Conseiller municipal de Marseille – Conseiller métropolitain d’Aix-Marseille-Provence
Le 20/03/2023 à 17:09, Emmanuelle Ménard a écrit :
Madame, Monsieur,
Vous m’avez demandé de voter la censure du Gouvernement ce lundi 20 mars. Je ne le ferai pas mais je tenais à m’en expliquer auprès de vous.
Sur l’utilité et la nécessité d’une réforme des retraites tout d’abord :
L’affaire est sérieuse. Avec 340 milliards d’euros, les retraites constituent de très loin le premier poste de dépenses publiques. C’est aussi celui qui progresse le plus. Alors que dans les années 60, on comptait quatre actifs pour un retraité, on en est aujourd’hui à 1,7 actif pour un retraité. À titre d’exemple, les deux principaux régimes de fonctionnaires engendrent à eux seuls 30 milliards de déficit par an, qui viennent alimenter la dette publique…
On ne peut pas continuer ainsi. Une réforme est indispensable. Reste à savoir laquelle.
Soyons clairs, ce n’est pas le projet que je souhaitais. J’aurais aimé une réforme plus ambitieuse, plus audacieuse, qui aurait osé prendre à bras le corps les défauts structurels de notre système. Une réforme sur laquelle on ne serait pas obligés de revenir dans trois ou quatre ans pour colmater les brèches, pour écluser les déficits.
Personne ne peut contester sérieusement qu’avec l’allongement de la durée de vie et la baisse de la natalité, il faudra travailler plus. Alors disons-le clairement aux Français, disons-leur la vérité sans, pour faire passer la pilule, faire de fausses promesses sur les 1 200 € par mois et leur raconter des bobards sur les carrières longues. Cette réforme ne sera pas indolore. Elle sera même douloureuse. Et pour le plus grand monde. Il faut le dire, avoir le courage de le dire.
Aurions-nous pu faire autrement ? Je le crois.
En osant remettre à plat l’ensemble des régimes spéciaux (et pas seulement cinq d’entre eux) ;
En osant une dose de capitalisation. Bien calibrée, elle pourrait sauver notre régime par répartition ;
En osant une politique nataliste digne de ce nom qui permettrait de donner un peu de souffle à notre système ;
En osant une véritable lutte contre les fraudes aux pensions versées à l’étranger qui scandalisent les Français ;
En osant des mesures audacieuses sur la pénibilité et les fins de carrière qui permettraient de lutter contre le terrible sentiment d’injustice qui se répand parmi nos concitoyens.
En osant de vraies mesures sur le cumul emploi-retraite afin d’offrir des perspectives à nos seniors et non un index qui fera peser encore plus de contraintes administratives sur nos entreprises ou un CDI senior qui aura l’effet d’un pansement sur une jambe de bois…
Sur l’utilisation du 49.3 par le Gouvernement
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai regretté l’utilisation de l’article 49.3 par le Gouvernement. Encore une fois, parlons franchement : la réforme des retraites n’aura pas de légitimité parlementaire puisque l’Assemblée nationale n’a pas pu la voter. En cela, le Gouvernement n’aurait pas dû avoir recours à cet article de la Constitution.
Mais pour être tout à fait honnête, rappelons que, s’il n’y a pas eu vote en première lecture, c’est à cause des députés de la NUPES, et plus particulièrement ceux de La France Insoumise qui ont fait de l’obstruction parlementaire afin de nous empêcher d’arriver au terme de ce projet de loi.
Venons-en maintenant à cette motion de censure : je ne la voterai pas. Pourquoi ? Parce que les scènes auxquelles j’ai assisté dans l’hémicycle depuis plusieurs semaines mais particulièrement jeudi dernier m’ont choquée. Je ne me ferai jamais la complice de personnes (je parle ici des députés LFI) qui ont une telle détestation et un tel mépris pour nos institutions. Je ne serai pas l’alliée objective du parti du chaos et de la violence.
Je souhaite rappeler ici ce que représente La France Insoumise, dont certains députés ont signé la motion de censure déposée par le groupe LIOT et que la totalité votera selon les consignes de JL Mélenchon :
La France Insoumise, c’est le parti de la démagogie qui propose la retraite à 1 600 € minimum pour tout le monde, y compris ceux qui n’ont jamais travaillé ! Et un départ à 60 ans bien sûr…
La France Insoumise, c’est le parti qui se réjouit des malheurs de notre pays : je ne soutiens pas le Président de la République mais je ne suis pas, comme eux, « galvanisée par l’échec du gouvernement ».
La France Insoumise, c’est aussi le parti des insultes permanentes (« assassin », pied sur un ballon de foot représentant la tête d’un ministre, appel explicite à la haine et à la violence), des menaces (« On a les noms ! »), des outrances, de la délation (certains publient « des listes » ; d’autres appellent à couper le courant chez ceux qui ne sont pas d’accord) ;
La France Insoumise, c’est enfin le parti de la haine :
– haine de la police (« La police tue ! ») ; – haine de ce que JL Mélenchon qualifie de « système », dont il a toujours pourtant bénéficié ; – haine contre E. Macron dont JL Mélenchon a régulièrement remis en cause la légitimité, pourtant acquise par les urnes (et je rappelle que je n’ai pas voté pour lui), alors que lui-même et ses députés ont, pour la plupart, voté au deuxième tour de la présidentielle pour Emmanuel Macron !
Les images de l’Assemblée nationale ont fait le tour de la presse internationale la semaine dernière. Elles ont donné une image épouvantable et dégradante de la France. C’est déplorable et dangereux. Jeudi dernier, j’avais honte d’être député.
Je ne souhaite pas ajouter du désordre au désordre. Je ne voterai pas la censure ce lundi.
Cordialement,
Emmanuelle Ménard
Député de l’Hérault
Le 17/03/2023 à 18:43, Bastien Lachaud a écrit :
Bonjour,
Je vous remercie pour votre courriel. Comme vous le savez sans doute, le groupe de la France insoumise – NUPES, dont est membre M. Bastien Lachaud, est opposé de toutes ses forces à la réforme des retraites.
Il a mené la bataille :
A l’Assemblée nationale en déposant de nombreux amendements pour proposer des alternatives au report de l’âge légal et à l’allongement de la durée de cotisation, pour revenir à la retraite à 60 ans.
En soutien aux mobilisations sociales et populaires.
Malheureusement, en pleine dérive autoritaire, le gouvernement Borne a décidé de passer en force et d’empêcher l’Assemblée nationale de voter sur le texte en utilisant le 49-3, parce qu’il se savait minoritaire et que le texte serait rejeté s’il était soumis au vote des députés.
En espérant avoir pu vous éclairer sur notre action parlementaire.
Bien cordialement,
Camille, pour l’équipe de Bastien Lachaud
Le 19/03/2023 à 23:02, Cyrielle Chatelain a écrit :
Bonsoir Mme Billard,
Depuis plusieurs semaines je suis pleinement mobilisée sur le terrain au côté du mouvement social et à l’Assemblée pour combattre ce projet de réforme des retraites injuste et injustifiée.
Je suis comme vous très préoccupée par le fait que le Gouvernement brutalise une nouvelle fois la démocratie. Il impose en effet sa réforme, très largement refusée par la population, en ayant recours à la procédure du 49.3 ; c’est-à-dire sans que l’Assemblée nationale ne vote sur le texte. Le recours à cette procédure est un aveu d’échec pour le Gouvernement puisqu’elle signifie clairement qu’il n’y a pas de majorité à l’Assemblée pour voter un tel texte.
C’est pourquoi, avec l’ensemble du groupe Écologiste que j’ai l’honneur de présider, ainsi qu’avec les autres forces de la NUPES, nous voterons la motion de censure transpartisane portée par le groupe LIOT. Cette motion, signée par 5 groupes d’opposition, est celle qui peut rassembler le plus largement les votes d’opposition au Gouvernement. Nous faisons tout notre possible pour qu’un maximum de députés vote pour la censure, ce qui conduirait automatiquement au retrait du texte du Gouvernement. Les règles constitutionnelles de la motion de censure sont cependant particulièrement restrictives et requièrent une majorité absolue de votes de l’ensemble des députés inscrits, toute abstention étant comptabilisée comme un vote contre la censure.
Si cette motion de censure n’était pas adoptée, cela ne devrait en rien mettre un terme à la mobilisation contre ce projet qui n’a plus ni légitimité populaire ni légitimité parlementaire. Je m’engage à poursuivre le combat au côté du mouvement social et dans l’hémicycle, notamment en utilisant tous les outils juridiques à notre disposition : saisine du Conseil Constitutionnel, dépôt d’une proposition de loi pour lancer un référendum d’initiative partagée (RIP)…
Restant à votre écoute, je vous prie de croire en l’expression de mes sentiments les meilleurs.
Cyrielle Chatelain,
Députée de l’Isère
Présidente du groupe Écologistes à l’Assemblée nationale
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