Succès de la grande manifestation pour protéger les terres agricoles à Gonesse

Au son d’une batucada, dans une ambiance festive et en scandant des slogans tels que « Respect des terres / Sécurité alimentaire », « Pas de gare, pas d’école / Sur les terres agricoles » ou « Blazy, Cavecchi et Pécresse / Pas touche aux terres de Gonesse », 350 personnes ont marché ce dimanche 29 septembre 2024 de la gare RER D Villiers-le-Bel/Gonesse/Arnouville jusqu’au lieu-dit du Triangle pour défendre les terres de ce plateau agricole de près de 700Ha.

Dans leurs rangs, se trouvaient des associations à vocations écologiques et sociales, des élu·es issu·es de la gauche ainsi que des habitants et des habitantes de Villiers-le-Bel et Gonesse. D’ailleurs, la marche s’est déroulée sous les auspices de quatre habitantes qui ont ouvert, animé et refermé la marche. L’une d’elle, Cécile Coquel, habitante de Villiers-le Bel déclare que « la ligne 17 nord ne servira pas les habitants et l’aéroport de Roissy est déjà desservi par la ligne B et le futur CdG Express, qu’elle qualifie, de train des riches. L’intérêt général, à l’heure de la guerre en Ukraine, grenier à blé de l’Europe, c’est de sauvegarder les terres agricoles. Elles doivent jouer un rôle pour approvisionner les crèches, la restauration scolaire, les hôpitaux, les maisons de retraite.»

Sur le parcours, les manifestant·es ont marqué l’arrêt devant la mairie de Gonesse pour dénoncer la position du maire, Jean-Pierre Blazy, qui reste le plus grand défenseur de l’artificialisation des terres de la Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) du Triangle. Pour ce faire, ils et elles se sont fait prendre en photo devant la mairie, les panneaux d’informations sur la ligne 17 et derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire « NGE t’es No Go à Gonesse » en référence à la société NGE en charge de la construction de la ligne 17 et de l’A69. Dans le même temps, ils et elles brandissaient un légume qui symbolise leur volonté de voir les terres de Gonesse nourrir les habitants.

De même, ils et elles ont affirmé que les habitant·es soutiennent les revendications du Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG), qui a organisé la marche. Le Collectif en veut pour preuve la pétition, exclusivement papier, qui a été signée en un mois seulement (octobre 2023) par 1328 habitants des villes riveraines du Triangle. Lors de l’arrêt devant la mairie, ils et elles ont redécoré le parvis par une guirlande constituée de ces pétitions.

A l’issue de la marche, sur le Triangle, Bernard Loup, président du CPTG, a annoncé que «  la bataille juridique contre la ZAC redémarre, car cette dernière n’est pas modifiable. Le préfet va devoir prendre un arrêté de création d’une nouvelle ZAC de 110ha et non plus 280Ha comme c’était le cas auparavant. Le CPTG annonce d’ores et déjà qu’il attaquera ce nouvel arrêté devant le tribunal administratif de Cergy. Aucun équipement n’est donc encore prêt à voir le jour sur les terres fertiles du triangle de Gonesse dont le contexte juridique reste des plus fragile. »

Le seul équipement sérieusement prévu jusqu’à maintenant à côté de la gare, qui rappelons-le, n’a pas commencé à sortir de terre, est lui aussi frontalement remis en cause. Entouré d’élu·es régionaux·ales et départementaux·ales, Carlos Martens-Bilongo, député LFI de la 8è circonscription du Val d’Oise, souhaite, en effet, que « la cité scolaire ne soit pas construite sur le Triangle, mais en pleine agglomération de Gonesse, Arnouville et Villiers-le-Bel, en lieu et place de la friche hospitalière située dans cette dernière ville à proximité de la gare RER D» d’où s’est lancée la marche.

Ce faisant, Carlos Martens-Bolongo répond favorablement à une revendication du CPTG qui, depuis une année, n’a de cesse de demander la saisine de la Commission Nationale du Débat Publique (CNDP) pour que l’emplacement idoine de la cité scolaire soit démocratiquement débattu, sachant que, de son côté, le Collectif plaide pour que ladite cité soit construite sur la friche hospitalière déjà artificialisée de Villiers-le-Bel située dans la circonscription du député.

Les autres prises de paroles se sont succédées. On a compté parmi elles celle particulièrement applaudie d’Audrey Boehly, membre du collectif Vivre sans le BIP, qui, cette semaine, a appris que le département du Val d’Oise renonçait définitivement à ce projet autoroutier lui aussi très contesté. C’est donc une victoire !

Robert Lévesque (agronome, président d’Agter et ex-directeur de Terres d’Europe SCAFR-Société Centrale d’Aménagement Foncier Rural, Fédération Nationale des SAFER), Cyprien DOS et Loïs (Réseau salariat & Conserverie solidaire) ont plaidé contre l’agriculture intensive et en faveur de l’agriculture paysanne, qu’il faut articuler avec la sécurité sociale de l’alimentation.

Quant à Pierre Parreaux (Méga Canal Seine Nord Europe, Non Merci !), Malo Mofakhami (Scientifique en Rébellion) et Marc Pelissier (président de l’Association des Usagers des Transports d’Ile-de-France), ils ont rappelé chacun à leur manière que l’aménagement du Triangle est une parfaite illustration du fait que, trop souvent, la science et les grands projets d’infrastructures ne servent pas l’intérêt public.

Des élu·es écologistes (Pascal Bertolini, conseiller départemental du 95, Ghislaine Senée, sénatrice, et Kader Chibale, conseiller régional) ont également exprimé leur ferme opposition à l’artificialisation des terres agricoles du Triangle. Ghislaine Sénée fait notamment remarquer que « quelque chose ne tourne pas rond : on construit des gares en plein champs et des fermes sur les toits de villes. »

Les militants des organisations Extinction Rébellion, Soulèvements de la terre et Youth for Climate ont conclu les prises de parole en affirmant qu’ils et elles ne laisseraient pas la gare se construire quitte à ce qu’ils et elles reviennent de manière plus déterminée encore. Une membre  d’XR a notamment interrogé : « quel responsable politique peut nous dire les yeux dans les yeux que cette gare est utile ici en plein champ ? »

Deux citations des habitantes donnent bien le ton général de cette journée :

Brigitte Liatard cite un proverbe d’un peuple premier confronté à la conquête coloniale : « lorsqu’ils auront déraciné le dernier arbre, lorsqu’ils auront pollué la dernière rivière et pêché le dernier poisson, ils comprendront que l’argent ne se mange pas. »

Quant à Léna Bienvenu, elle cite Philippe Labro qui se demande : « cela a-t-il vraiment existé, les arbres et les oiseaux ? ».

Derrière le caractère festif de la journée, on devine que les marcheurs et marcheuses sont conscients de la gravité des enjeux. Ils et elles restent combatifs.

Source : Collectif Pour le Triangle de Gonesse

Publié le 30 septembre 2024, dans Environnement, et tagué , . Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.

  1. BRAVO au collectif, à Bernard Loup, aux nombreuses associations impliquées et à tous les citoyens qui s’engagent pour l’intérêt général, INTÉRÊT GÉNÉRAL dont certains politiciens ignorent la définition !

  2. Une fois de plus, outre nos habituels défenseurs de toute qualité de vie , bravo et merci,est-ce qu’un seul élu de la majorité aulnaysienne était présent?

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