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Demande d’appui suite à un décès suspect survenu à la prison de Fleury Merogis

Père de trois enfants, Alassane Sangare est mort le 24 novembre dernier en détention à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne), dans des conditions que ses proches jugent plus que suspectes.

Madame, Monsieur,

Le 24 novembre 2022, Alassane SANGARE décédait à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis dans des circonstances pour le moins obscures. Depuis, malgré nos innombrables démarches pour connaître la vérité, nous nous heurtons au silence de la justice et de l’établissement pénitentiaire. Nous vous sollicitons donc par la présente pour que la lumière soit faite sur le décès d’Alassane et pour que cette affaire soit traitée avec toute la vérité et la justice qu’elle mérite.

En premier lieu, nous estimons important de vous détailler le déroulement des faits et les différentes irrégularités que nous avons relevées depuis l’incarcération d’Alassane. À 36 ans, ce dernier était un homme comblé tant au niveau personnel que professionnel. Il était marié, papa de trois enfants, et il occupait le poste de Responsable équipe réseaux à Bouygues énergies et réseaux depuis plus de 10 ans. Or, suite à un conflit de voisinage, Alassane a été placé en mandat de dépôt, alors même que cela faisait plus d’un an que cette même voisine le harcelait. Elle profitait de ses liens avec l’un des agents du commissariat de Montgeron pour déposer des mains courantes et des plaintes non fondées, dans le seul but d’accabler Alassane et de cumuler de fausses preuves à son encontre. Malgré toutes les démarches entreprises par Alassane et sa conjointe auprès du commissariat, du procureur de la République, de la mairie de Crosne et de leur bailleur pour alerter de la situation, ces dernières sont restées sans réponse. La rapidité avec laquelle il a été conduit en prison pour un simple conflit de voisinage s’explique sans aucun doute par les relations peu scrupuleuses entre l’agent de police et cette dame.

En outre, placé en garde à vue le 17 novembre 2022, Alassane a été déféré à la maison d’arrêt de Fleury- Mérogis le 19 novembre, en attendant son jugement prévu en janvier 2023. Or, cinq jours seulement après son arrivée, le 24 novembre, il est décédé dans des conditions tout à fait obscures. Nous avons tout d’abord été indignés de n’avoir été avertis de son décès qu’un jour et demi après qu’il soit survenu. Et notre colère a été d’autant plus grande que son épouse s’était rendue le 25 novembre au tribunal d’Évry pour une demande de parloir et que nul ne l’a informée de la mort de son mari, alors même que le parquet avait été saisi des faits. Ce n’est qu’à 15 heures le 25 novembre, que les policiers sont venus au domicile conjugal pour lui annoncer, sans plus de détails, le décès d’Alassane la veille au matin. Puis, déjà abattus par cette nouvelle tragique, il nous a été demandé de patienter encore quelques jours pour avoir plus d’informations sur les circonstances de l’événement.

De surcroît, nous avons pris la décision de nous rendre à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis le 26 novembre, afin d’obtenir des explications et d’identifier le corps, comme cela est de coutume. Tout cela nous a été refusé, l’administration pénitentiaire nous expliquant qu’elle ne savait pas où était le corps. À nouveau, nous avons dû attendre, et avons été reçus le 28 novembre 2022 à 9h30 par le directeur adjoint de l’établissement, Monsieur Lassince, le Directeur du bâtiment D5 où était placé Alassane, le responsable des gardiens, ainsi que deux médecins, dont un psychiatre. Ces personnes sont restées très évasives en évoquant la thèse d’un suicide par pendaison, et elles paraissaient gênées par la présence de l’avocat que nous avions mandaté pour l’occasion. Interpelés par les irrégularités qui s’accumulaient autour du décès d’Alassane, son accompagnement nous paraissait indispensable.

Aussi, ce n’est que le 30 novembre, soit 6 jours après son décès, que nous avons été autorisés à voir le corps d’Alassane. Nous n’avons alors observé aucune trace de strangulation, mais avons par contre constaté la présence de marques suspectes de coups. Les recherches que nous avons menées par la suite confirment également la thèse qu’Alassane ne serait pas décédé par pendaison. Nous comprenons donc mieux désormais pourquoi règne un tel silence et une telle gêne lorsque nous demandons de plus amples explications. Bien que le rapport d’autopsie soit disponible depuis début janvier, le parquet d’Évry refuse encore à ce jour de le transmettre à notre avocat, Maître Yassine Bouzrou. Une nouvelle irrégularité qui ne devrait pas avoir lieu pour le traitement impartial du dossier.

Enfin, nous savons que la thèse du suicide est illégitime, car Alassane était un père de famille et un mari aimant, ainsi qu’un collègue apprécié pour son implication et son sérieux. Nous sommes donc décidés à aller au bout de nos démarches pour que la lumière soit faite sur la mort de celui qui était un fils, un père, un frère, mais aussi un ami et un citoyen français. Estimant nos droits bafoués, dans un pays où les droits de l’Homme et de la famille, sont pourtant ancrés, nous restons démunis face à cette justice à deux vitesses. Dans ce cadre, nous faisons appel à votre intégrité et votre sens de la justice pour nous apporter un éclairage impartial de cette affaire. Nous heurtant à des dissimulations de toutes sortes et de toutes parts, nous avons besoin de votre appui et de votre soutien pour comprendre et avancer dans notre combat pour la vérité.

Nous nous tenons à votre entière disposition pour vous apporter toute information utile à l’instruction de notre demande, et vous prions, Madame, Monsieur, de bien vouloir agréer l’expression de notre haute considération.

Source : Djeneba SANGARE

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