Michel Riottot : La « Métropole de Paris » ou l’empilement des pouvoirs
Notre région va devenir le plus majestueux des mille feuilles « politico-administratif » dont la France a le secret. Privilégiés, nous contemplions déjà un beau monument:
- 1 281 conseils municipaux
- 115 intercommunalités
- huit conseils généraux
- un conseil régional
- un parlement national et des administrations d’État.
Le schéma d’aménagement de l’ile-de-France, le Sdrif- mis à l’enquête publique jusqu’au 30 avril – se donnait comme ambition de structurer, de préserver et de mieux gouverner la région. La structuration est déjà bien amorcée puisque 92 % des communes, où vivent 7,6 millions de Franciliens, sont regroupées en intercommunalités.
Or, nous voyons soudain sortir un lapin du chapeau de nos gouvernants: « la Métropole de Paris », inscrite dans la future loi de décentralisation. Officiellement, elle a pour objet de faciliter la construction de logements en panne (35 000 seulement sortis de terre l’an dernier) mais aussi d’obliger, d’ici à 2015, les communes de zone dense à se grouper en intercommunalités de 200 000 à 300 000 habitants.
Le périmètre sur lequel règnera cette « Métropole » concentrera 90 % des logements et de la population soit 10 millions d’habitants. Dotée d’un budget conséquent mais aussi de pouvoirs d’aménagement et d’urbanisme, elle sera gouvernée par un « conseil métropolitain » composé du maire de Paris et des présidents des intercommunalités.
Problème: comment coordonner l’action de ce « lapin » avec celle du conseil régional? Jamais à court d’idées, nos énarques ont imaginé pour cela une « conférence métropolitaine » mettant autour d’une table, les représentants du conseil métropolitain, du conseil régional et des conseils généraux. C’est la nouvelle couche de l’appétissant gâteau.
Aux six strates de pouvoir qui s’accumulent sur notre malheureux territoire, on se propose d’en ajouter deux supplémentaires. Cette géologie politique nous parait dangereuse au cas où le jeu démocratique de l’alternance donnerait des majorités différentes au conseil métropolitain et à la conférence métropolitaine. Un risque de paralysie et, pour en sortir, le recours à l’arbitrage de l’État. Est-ce l’effet recherché?
La « Métropole de Paris » serait exactement l’inverse d’une décentralisation sensée et même une régression démocratique majeure. D’autant que les corps intermédiaires ont été peu consultés. C’est dire avec quelle méfiance nos associations considèrent cet objet « politico-administratif » non identifié: nos actions pour faire respecter le droit dans la jungle des aménageurs et des promoteurs sont déjà qualifiées de « malveillantes », voire de « mafieuses ».
Pour l’heure, nous nous permettons de qualifier cette réforme d’ « abracadabrantesque ».
Source : article de Michel Riottot, président d’Ile-de-France Environnement
Publié le 3 Mai 2013, dans Environnement, et tagué Aulnay, Aulnay-sous-Bois, Ile-de-France, Michel Riottot. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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