Jean-Luc Vergne: « L’avenir du site d’Aulnay-sous-Bois était écrit dès 2008 »
Jean-Luc Vergne, DRH des groupes Sanofi, Elf Aquitaine, puis de PSA et de BPCE livre dans « Itinéraire d’un DRG gâté » un témoignage unique dans les coulisses de quatre grandes entreprises françaises. Interview.
Dans votre livre, vous exprimez votre méfiance par rapport aux théories de management. N’est-ce pas surprenant pour le DRH que vous êtes?
En management, rien ne vaut la pratique. Ce n’est pas pour rien que les écoles de management travaillent sur des « cas »! Dans ma carrière, j’ai fait le choix de mettre des gens très jeunes en situation, capables d’acquérir des compétences pour « enthousiasmer le collectif ». Manager quelqu’un c’est avant tout une relation interpersonnelle. Cela tient à l’individu, à la prise en compte de son environnement. Il faut faire ce métier si on aime les hommes, si on a envie de les comprendre, avec générosité, convivialité, mais aussi, quand il le faut, avoir le courage de dire non. Les deux principales qualités d’un manager sont le coeur et le courage.
Votre propos peut sembler un peu trop optimiste dans un contexte de crise, où les plans sociaux se succèdent…
L’image du DRH c’est le porteur de mauvaises nouvelles, ou pire, celui qui porte le cartable du patron. J’ai voulu faire un livre positif, pour valoriser ce métier à l’image largement écornée: ce n’est pas un précis de management, mais un livre de témoignage sur ce que j’ai vu et appris en 43 ans de métier.
Quel regard portez-vous sur la situation de PSA Peugeot-Citroën, dont vous avez été DRH de 1999 à 2009?
Je n’ai pas compris le rapprochement avec GM. Cela a fait capoter les autres partenariats envisagés, avec BM notamment. C’est vrai que cela me fait mal au coeur de voir la situation de PSA. C’est une entreprise formidable.
S’agissant de l’usine d’Aulnay-sous-Bois, je regrette que nous ayons perdu du temps. L’avenir du site était écrit dès 2008, et j’avais à l’époque défendu l’orientation de créer un grand pôle industriel en région parisienne à Poissy, transformant Aulnay en annexe de Poissy. On y aurait alors placé une direction unique, avec une unification des produits fabriqués et du management. J’ai bien conscience que le changement de président du directoire et es enjeux électoraux de l’année 2012 ont entraîné des retards dans le traitement du problème, qui s’est soldé par une annonce brutale en juillet 2012. Au total, ce sont quatre années qui ont été perdues, et qui auraient pu être mieux utilisées à pratiquer des reclassements, dans un contexte moins difficile que celui de 2013.
Quelle est votre doctrine en matière de relations sociales?
Je me suis mis beaucoup de patrons à dos, parce que je fais l’apologie de la démocratie sociale. Si l’on ne veut pas que le législateur ou le juge intervienne, il faut que les syndicats avancent et règlent les problèmes, avec le patronat. Il n’y a pas de tabous. Il faut que tous les problèmes soient abordés avec les partenaires sociaux. C’est toujours préférable à l’intervention de députés ou de sénateurs qui connaissent moins bien les dossiers.
Quelle est votre position sur le travail du dimanche?
Je suis pour à condition que les syndicats soient en situation de négocier un certain nombre de contreparties et des rémunérations dignes de ce nom. Je ne vois pas pourquoi l’on empêcherait les salariés qui souhaitent travailler le dimanche de le faire!
La réforme des retraites va-t-elle dans le bon sens selon vous?
Il faut allonger la durée des cotisatons, c’est la seule solution. Mais les entreprises doivent surtout négocier des régimes de retraite complémentaires pour les salariés.
Source : l’expansion
Publié le 11 octobre 2013, dans Sociétés, et tagué Aulnay, Aulnay-sous-Bois, PSA. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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