Les bus des CIF paralysés par la grève à Aulnay-sous-Bois et ailleurs

Bus_CIFLe blocage des dépôts de Tremblay, Goussainville (Val-d’Oise) et de Mitry (Seine-et-Marne) devrait se poursuivre ce matin.

Les usagers des bus des Courriers d’Ile-de-France (CIF) s’apprêtent à vivre leur deuxième journée de galère dans l’est de l’Ile-de-France. Hier, ils ont souvent été pris de court par la grève des chauffeurs. Bibi, 49 ans, et sa fille Izabil, 13 ans, ont dû faire du stop depuis Tremblay pour aller jusqu’à la gare RER du Vert Galant à Villepinte. Elles étaient très en retard pour aller chez le médecin. « J’ai appelé pour décaler le rendez-vous, mais je crains que ça ne suffise pas. On va quand même tenter notre chance et y aller à pied, mais c’est très embêtant », confiait la maman. C’était aussi le constat de Louise, 57 ans, à Goussainville (Val-d’Oise). « A 5 heures du matin, c’est dur sans le bus ! Je vais devoir marcher et me lever encore plus tôt », expliquait cette habitante du quartier Ampère, qui prend le bus pour aller à la gare RER d’où elle part travailler dans les Hauts-de-Seine.

La grève a démarré hier dès le début du service, à l’appel de la CGT et de la CFTC, qui annonçaient un mouvement « suivi par 60 % des conducteurs ». La direction ne dénombre que 33 % de grévistes sur l’ensemble du personnel. Hier soir, le blocage des principaux dépôts, à Tremblay, Goussainville (Val-d’Oise) et Mitry (Seine-et-Marne), restait total et aucun bus n’est sorti de la journée. Un service minimum a en revanche été mis en place à Dammartin (Seine-et-Marne) et à Louvres (Val-d’Oise). La mobilisation s’est étendue hier à la société VAS, une autre filiale de Keolis. La paralysie a donc gagné les lignes de Noctilien, les bus de nuit.

La question des salaires a mis le feu aux poudres. « On a prévu un mouvement illimité, confiait hier un machiniste, à l’entrée du dépôt de Goussainville. Les négociations annuelles obligatoires ont été un échec. On nous propose 0,8 % d’augmentation au lieu des 3 % que nous réclamons. Et la participation vient d’être divisée par trois. On veut que le groupe Keolis, auquel appartiennent les CIF, partage les bénéfices avec les salariés. » Même son de cloche au sein de la société VAS : « Les propositions de la direction sont à des années-lumière de nos attentes », glisse un délégué FO. Ce qui cristallise également la colère des conducteurs, ce sont les conditions de travail,  souligne un délégué CGT, qui évoque le « matériel vétuste », mais aussi « les insultes et crachats quotidiens, les braquages à l’arme blanche, les caillassages et les cocktails Molotov. C’est l’attaque de la diligence. Mais on a l’impression que pour la direction tout cela est devenu normal ».

Hier après-midi, quelques dizaines de grévistes, venus de plusieurs dépôts des CIF, ont convergé vers le siège de la SNCF à Saint-Denis, où ils comptaient « interpeller le principal actionnaire » sur leurs revendications. Cette brève occupation n’a pour l’heure pas débouché sur des avancées. « Notre porte n’est pas fermée, assurait hier soir un dirigeant des CIF. Nous sommes prêts à recevoir les grévistes s’ils lèvent le blocage des dépôts. » L’entreprise annonce par ailleurs avoir déposé plusieurs plaintes après avoir constaté que les pneus de certains bus ont été dégonflés pour les immobiliser.

Rens. sur http://www.cif-bus.com

Des bus en mauvais état

La plainte revient dans toutes les bouches. Bus vieillissants, équipements défectueux, maintenance insuffisante… Les grévistes l’affirment : les problèmes de matériel pèsent lourdement sur leur quotidien. « Je me suis retrouvée un jour avec six jeunes fumant du cannabis à bord de mon bus, raconte ainsi une conductrice de Goussainville. Le talkie permettant de prévenir la régulation était en panne. Je ne pouvais rien faire, les passagers ont dû supporter cela tout le trajet. » Mais la CGT pointe surtout l’état des bus. « L’activité s’est développée, mais la maintenance n’a pas suivi. Les cadences infernales ne permettent pas aux salariés de faire les vérifications avant de prendre leur service », accuse Jamel Benkissaou, délégué du syndicat. Il dénombre ainsi « 14 roues perdues en un an, trois moteurs en feu »… Un tableau exagéré, selon la direction des CIF, qui indique qu’un nouveau centre de maintenance vient d’ouvrir au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne). Elle reconnaît cependant qu’il y a eu des difficultés liées aux roues et annonce que des mesures ont été prises : « Depuis quelques mois, le nombre d’incidents est en nette diminution. » Elle admet également quelques départs de feu sur les moteurs, « qui donnent systématiquement lieu à une expertise ». « La sécurité est toujours notre priorité », assure un dirigeant.

Source : Le Parisien du 04/06/2014

Publié le 4 juin 2014, dans Transports, et tagué , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

Laisser un commentaire