Communiqué de Madame Delmont Koropoulis
Aulnay-sous-Bois, le lundi 27 mai 2019
Madame, Monsieur,
Depuis quelques jours, je suis victime de cyber-harcèlement de la part de certaines personnes qui remettent en cause un choix du groupe Les Républicains du Sénat concernant l’accompagnement des sorties scolaires.
Je veux avant tout dire qu’il ne sera jamais question pour moi de céder à de quelconques menaces ou tentatives d’intimidation qui n’honorent ni leurs
auteurs tranquillement assis derrière leur écran, ni ceux qui croient pouvoir tirer
un bénéfice politique de leur instrumentalisation.
Je souhaite en toute transparence expliquer les choses. Il convient pour cela de
rappeler le contexte de ce vote.
Depuis maintenant quelques années, les directeurs d’écoles maternelles et élémentaires font face à un débat non-tranché concernant la nécessité d’appliquer ou non, le principe de neutralité du service public aux accompagnants des sorties scolaires.
En effet, dans le silence de la loi et d’une jurisprudence fluctuante, ils sont parfois considérés comme des collaborateurs bénévoles du service public de l’enseignement scolaire et se
voient donc soumis aux mêmes obligations que les agents publics.
Cependant, sur tout le territoire, cette règle est appliquée de manière
différenciée.
Certains directeurs imposent la neutralité aux accompagnants
pendant que d’autres directeurs n’en font pas autant.
Cette situation qui créé des inégalités entre les écoles ne saurait perdurer à mon sens.
Il ne doit pas exister de sous-citoyen ou de sous-école. La loi et les règles qui s’appliquent
doivent être les mêmes pour tout le monde.
Durant les débats parlementaires, le Ministre de l’Éducation nationale, JeanMichel BLANQUER, a dit avoir recommandé aux responsables d’établissement de ne pas autoriser les signes religieux ostensibles lors des sorties scolaires.
Cependant, cette recommandation n’a aucune valeur légale et
fait porter au corps enseignant une responsabilité qui n’est pas la sienne.
À titre personnel, je considère que la laïcité doit s’appliquer pour tout le monde
à l’intérieur des établissements scolaires.
Les sorties scolaires, par nature, ne se déroulent pas à l’intérieur de l’établissement.
Aussi, je ne vois pas pourquoi, tant qu’il n’y a aucun prosélytisme, des mères
de famille portant par exemple un voile, ne pourraient accompagner les enfants.
En effet, quelle serait la justification d’une pareille interdiction ?
Si c’est la vision d’un signe religieux ostentatoire, faudra-t-il demander aux enfants de
changer de trottoir s’ils croisent une religieuse dans la rue ?
Le Groupe Les Républicains du Sénat a obligé le gouvernement à se positionner
par le vote d’un amendement.
Cet amendement n’a pas vocation à être appliqué tel quel, mais à obliger le gouvernement à en tirer une conséquence légale :
soit les accompagnants sont autorisés à porter un signe religieux, et la loi doit
l’indiquer, soit c’est interdit, et la loi doit l’indiquer.
J’ai bien sûr, comme c’est l’usage, suivi la consigne de vote de mon groupe
même si ma conviction personnelle, basée sur l’expérience de terrain, est
évidemment beaucoup plus nuancée.
Telle est ma position que j’assume parfaitement car je la crois équilibrée et respectueuse de toutes et tous : enfants, parents d’élèves et membres de la communauté éducative.
Annie DELMONT-KOROPOULIS
Ci joint, le pdf de ce même courrier, reçu cette nuit par mail du service de presse de Notre Maire.: Courrier amendement
Publié le 28 Mai 2019, dans Actualité, Politique. Bookmarquez ce permalien. 2 Commentaires.
Merci madame d’avoir expliqué votre positionnement concernant le port du voile. Votre explication est très pédagogique et montre bien la difficulté en tant qu’élu de trouver le juste milieu dans des décisions qui sont très clivantes au sein de la société d’aujourd’hui. Sachez toutefois que vous n’êtes pas la seule malheureusement à subir du Cyber-harcèlement….
Toute personne qui a le courage de défendre ses convictions, qui alerte sur l’irrespect ou le contournement des lois et ou encore dénonce des dysfonctionnements dans la gestion administrative de nos institutions, sera toujours la cible de ceux qui n’ont pas intérêt à ce que ces faits soient divulgués, sera confrontée à des individus de basse moralité qui, n’ayant aucun argument étayé à opposer à un point de vue qui les dérange, se vautreront sans scrupules et sous couvert d’un pseudo, dans les basses vibrations de la calomnie, des insultes, des mensonges ou encore des rumeurs nauséabondes infondées.
Donc Mme la Sénatrice nous explique qu’en votant cet amendement elle rend service aux responsables d’établissements scolaires, elle met le gouvernement face à ses contradictions, elle prouve son allégeance à son groupe politique, et elle soutient les accompagnatrices voilées.
Ou alors elle a participé à un projet de loi pré électoral pour ratisser très à droite, mais au vu de l’échec LR et des réactions de nombreux citoyens , a cherché à justifier un vote de soumission à une démarche politique peu reluisante.
Il n’est pas ici question de savoir si Mme la Sénatrice est raciste, mais si elle a voté pour un amendement discriminant. La réponse est évidemment oui.
Cela justifie notre déception, notre énervement, en tant qu’habitants d’Aulnay sous bois, mais bien évidemment cela ne saurait justifier des comportements délictueux envers elle.