Le sociologue Michel Pinçon est décédé à 80 ans

Michel Pinçon, ancien directeur de recherches au CNRS, s’est éteint à son domicile en région parisienne, à l’âge de 80 ans, après avoir été touché par la maladie d’Alzheimer, a précisé Monique Pinçon-Charlot.

L’essentiel de ses travaux  a été écrit en collaboration avec elle. «Je dis toujours que nous avons écrit 27 livres à quatre mains», a-t-elle déclaré à l’AFP. Leurs ouvrages de référence s’appellent «Les Beaux Quartiers» (PUF, 1989) ou encore «Les Ghettos du gotha» (Seuil, 2007).

Depuis leur retraite en 2007 et l’abandon de leur obligation de réserve, les Pinçon-Charlot ont pris des positions parfois vivement critiquées, pour une taxation des riches surtout. Né le 18 mai 1942 à Lonny, un village des Ardennes, Michel Pinçon a grandi dans une famille ouvrière.

«Il a été passionné, habité par la sociologie depuis son enfance, avec son origine ouvrière de la vallée de la Meuse, et son attachement à l’État providence qui donnait à des enfants comme lui, la possibilité de faire ses études», a dit son épouse.

Pourquoi les époux se sont-ils intéressé à la grande bourgeoisie et aux classes dominantes ?

Monique Pinçon-Charlot :  » Au CNRS, personne ne s’intéressait à eux. En sociologie urbaine notamment, tous les regards portaient sur les cités défavorisées, les jeunes des ghettos de banlieue. Dans les colloques, les séminaires, on parlait de « ségrégation », en mettant le ton, la tête penchée, les mines pleines de compassion. Tout cela m’agaçait au plus haut point, il me semblait qu’on avait tort de négliger le moteur de cette ségrégation. C’était en 1986. Michel et moi avions achevé nos travaux respectifs, nous avons décidé de partir ensemble pour les beaux quartiers. Et nous n’en sommes jamais sortis ! « 

Michel Pinçon :   » Nous voulions étudier la ségrégation du côté de ceux qui en profitent. Et ce que nous avons découvert, c’est plutôt l’agrégation des classes dominantes. À la différence des pauvres, les riches restent entre eux parce qu’ils le choisissent. Dans Les Ghettos du gotha, nous avons ainsi montré comment les familles fortunées défendent bec et ongles leurs espaces, nécessaires à la gestion de l’entre-soi. Ils se mobilisent pour préserver l’intégrité de leurs rues, de leurs quartiers, de leurs banlieues chic – pas de HLM à Neuilly ! –, de leurs lieux de vacances. Les propriétaires de vieilles maisons, de châteaux s’engagent ardemment dans la défense du patrimoine. Tous exercent un contrôle vigilant sur leurs institutions, leurs cercles et leurs clubs, où ils sont certains de ne se retrouver qu’entre eux. Et les familles veillent, à l’école en particulier, à ce que leurs enfants fréquentent le moins possible les jeunes d’autres milieux sociaux. La bourgeoisie s’affirme ainsi ouvertement comme classe consciente d’elle-même et de ses intérêts. « 

Article  proposé   le  30  Septembre  2022  par  Catherine  Medioni

Publié le 30 septembre 2022, dans Non classé, et tagué . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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