Archives du blog

Un parvis Jean-Paul-II à Aulnay-sous-Bois qui fait polémique

Parvis_Saint_Sulpice_AulnayLa municipalité UMP a donné le nom de l’ancien pape à la place située devant l’église. Une décision, réclamée par des associations religieuses et culturelles, qui fait polémique.

La bâtisse aux murs blancs donne des allures de village au quartier du Vieux-Pays d’Aulnay. En ce jeudi de l’Ascension, les cloches sonnent et les portes de l’église Saint-Sulpice s’ouvrent, laissant sortir les fidèles après la messe. Ils ne le savent pas tous, mais le parvis qu’ils foulent à petits pas s’appelle désormais place de l’Eglise – parvis Jean-Paul-II, du nom du pape mort en 2005.

C’est sans doute l’un des premiers lieux publics du département à porter le nom de l’ancien souverain pontife canonisé il y a quelques semaines à Rome. La décision a été votée lors du conseil municipal du 21 mai, sous la houlette du maire (UMP) Bruno Beschizza. « Pourquoi pas ? Il n’était pas plus mauvais pape qu’un autre, réagit Marie-Martine. Mais cela aurait pu aussi être le parvis Soeur-Emmanuelle… » Anne-Marie, infirmière de 58 ans, est plus enthousiaste : « Je l’adorais ! J’ai été bénie par Jean-Paul II à Rome, il y a vingt-cinq ans de cela. Il a beaucoup fait pour amener les jeunes à l’église. On vient d’ailleurs d’en faire un saint. »

Lors du conseil municipal, la première adjointe Séverine Maroun a justifié cette décision en affirmant que le pape polonais a « marqué son temps par son souci extrême de la dignité humaine et son esprit d’ouverture à l’humanité tout entière ». Voilà qui a fait réagir assez vivement dans les rangs de l’opposition. « Dénommer un parvis Jean-Paul-II, c’est ouvrir le catalogue accablant des péchés terrestres qui pèsent sur ce pape », a ainsi estimé Miguel Hernandez, au nom des élus communistes, invoquant la « protection apportée aux pédophiles », les « pactes avec les dictatures assassines », les « liens avec la Mafia »… Le socialiste Guy Challier a également refusé de voter la délibération, rappelant l’attitude pour le moins réservée que le pape a observée face à l’usage du préservatif pour endiguer l’épidémie de sida. L’ancien maire PS Gérard Ségura a en revanche voté la délibération. Comme Bruno Beschizza, il avait été sollicité par plusieurs associations lors de la campagne des municipales. La revendication d’un lieu baptisé du nom de Jean-Paul II était particulièrement forte, au sein de la ville d’Aulnay, qui abrite une forte communauté polonaise.

Pour Sophie Carabeuf, responsable de l’association culturelle Wisla, le geste revêt aussi une signification politique. « J’ai vécu ma jeunesse en Pologne, sous le régime stalinien après la guerre. Jean-Paul II a fait énormément pour que le mur tombe et nous libère tous. C’est un personnage très important. » Wisla se prépare désormais à inaugurer la place, le 15 juin, cérémonie qui se doublera d’une dimension religieuse, puisqu’elle sera précédée par une messe, célébrée en l’église Saint-Sulpice.

Source et image : Le Parisien du 30/05/2014

Déclaration de Miguel Hernandez sur la dénomination du Parvis Jean-Paul II à Aulnay-sous-Bois

GWB LB DIGITAL 12:35 Statements with Pope John Paul II.Monsieur le Maire,

Alors que les Aulnaysiens attendent de vous des propositions concrètes pour leur quotidien vous placer comme une priorité du conseil municipal la proposition, ce soir, de dénommer la place de l’église d’Aulnay : Place de l’église-Parvis Jean-Paul II.

Vous faites fi des débats qui ont eu lieu dans les instances de démocratie locale avant votre arrivée, vous n’avez même pas pris le soin de réunir le comité de dénomination pour faire part de votre proposition. Aulnay respectueuse reste donc un slogan électoral qui peine à trouver de la substance.

Alors qu’il y a trois mois à peine le conseil municipal dénommait à l’unanimité le carrefour des droits de l’homme vous proposez aujourd’hui un personnage dont les soutiens et les positions ne font pas honneur à notre ville.

En 26 ans de fonction, Jean-Paul II a peut-être fait tomber certains murs mais il en a réellement consolidé d’autres :

  • sexisme et misogynie ;
  • homophobie, lesbophobie, transphobie ;
  • non assistance à populations en danger.

Le catholicisme réactionnaire de Jean-Paul II n’a pas à être honoré par notre ville.

Dénommer un parvis Jean Paul II c’est ouvrir le catalogue accablant des péchés terrestres qui pèsent sur ce pape : protection apportée aux pédophiles, pactes et tractations avec les dictatures assassines, liens avec la mafia et mise sur pied d’un système bancaire parallèle pour financer ses obsessions politiques – la lutte contre le communisme –, la persécution implacable des courants progressistes de l’Eglise, en particulier en Amérique latine.

Monsieur le Maire, votre proposition dans le souci de répondre sans doute à une promesse électorale est choquante pour toutes celles et tous ceux qui luttent contre le sida, pour les droits des femmes, pour l’avortement et la contraception, contre toutes les discriminations et pour les droits humains.

De plus cet acte incompréhensible et indécent va à l’encontre de la « sacro-sainte » laïcité à laquelle nous tenons toutes et tous.

Il existe des lieux privés qui peuvent répondre à la demande qui vous a été faite. C’est d’ailleurs la proposition que j’ai moi-même formulée à la commission de dénomination et aux représentants des polonais d’Aulnay. Le parvis de l’église Saint Joseph peut honorer Jean-Paul II si tel est le choix des fidèles et du diocèse mais pas l’espace commun, pas l’espace public pour les raisons que je viens d’évoquer.

La religion et sa pratique relève de l’espace privé et ne doit donc pas s’imposer à l’espace public.

Monsieur le maire, nous vous demandons instamment de retirer cette proposition et d’annuler votre projet.

Source : déclaration de Miguel Hernandez envoyée à la rédaction