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Commémoration de l’esclavage, de la traite négrière et de leur abolition : que chacun.e assume son histoire et construise pour tou.te.s un avenir de liberté, d’égalité et de fraternité (3/5)
2. La traite des blancs : la plus méconnue
Environ 4,5 millions de « blancs » ont été réduits en esclavage par les pirates barbaresques du Maghreb et les Ottomans entre le XVe et le XIXe siècle avec un apogée entre 1580 et 1680.
Déjà existante au XIIIe siècle, la traite barbaresque redoubla à la suite de l’expulsion des Maures d’Espagne qui – de retour au Maghreb – se lancèrent alors dans le djihad en razziant principalement les côtes méditerranéennes, mais également d’Angleterre, d’Irlande, des Pays-Bas et parfois d’Islande. Dans son ouvrage « Christian slaves, muslim masters: white slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500–1800 », Robert C. Davis estime qu’entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les Barbaresques de Tunis, Alger et Tripoli réduisirent de 1 à 1,2 million de chrétiens européens blancs en esclavage et entre 1785 et 1815 environ 700 Américains. En 1816, après le bombardement d’Alger, le dey d’Alger signa un traité prévoyant la libération de tous les esclaves européens et l’abolition de la traite d’esclave. Mais c’est en 1830 que les troupes françaises libérèrent les captifs lors de la reddition d’Alger. En Tunisie, il est aboli en 1846. C’est la France qui a aboli l’esclavage dans les pays qu’elle a colonisés. Cette traite barbaresque, très lucrative, a permis notamment de financer les plus belles mosquées de ces pays. C’est le cas notamment de la Zitouna à Tunis.
Entre 1450 et 1700, l’Empire ottoman réduisit quant à lui en esclavage environ 2,5 millions européens. Les captifs étaient employés dans l’armée, la marine, les harems, au domicile des riches familles ou par des artisans. À partir du XIVe siècle, les Ottomans créèrent des unités d’élite constituées d’enfants de familles chrétiennes capturés comme esclaves qu’ils convertissaient à l’islam, encasernaient très jeunes, éduquaient en Turcs ottomans et qu’ils finissaient par émanciper en tant que janissaires, soldats d’élite de l’infanterie appartenant à la garde du sultan. En 1453, ces terribles soldats firent tomber « l’imprenable » Constantinople, dernier bastion de l’Empire romain d’Orient.
De 1500 à 1650, le nombre d’esclaves européens blancs dépassa largement celui des noirs africains déportés aux Amériques. La vie des esclaves blancs en Afrique ou en Turquie n’était guère meilleure que les pires conditions des esclaves noirs aux Amériques.
À quand une commémoration de l’esclavage, de la traite des blancs et de leur abolition au Maghreb, au Machrek et en Turquie ?
Sylvie Billard
L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s
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