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Après le Fret, la SNCF veut-elle tuer les trains Intercités ?
Alors que l’écologie devrait selon toute vraisemblance être un axe majeur dans le développement et l’aménagement du territoire, nous apprenons que la SNCF étudie la possibilité de remplacer des trains Intercités (reliant plusieurs villes de province) par des autocars, bien plus polluants.
Un déficit de plusieurs centaines de millions d’euros
Les trains Intercités permettent de relier des villes comme Saint-Quentin à Maubeuge, ou Hirson à Metz, voire Caen à Tours. L’essentiel de l’activité se trouvant en Ile-de-France, à proximité de Paris, inutile de préciser que la fréquentation de ces lignes est loin d’être optimale. Le coût et également quelques problèmes de fiabilité finissent par décourager les potentiels Clients de ces lignes ferroviaires.
Un groupe d’élus et d’experts, sous la direction du député Socialiste Philippe Duron, préconise ainsi de supprimer plusieurs lignes ainsi qu’une grande partie des trains de nuit pour utiliser à la place des autocars. Ces autocars, bien plus polluants, sont en effet moins couteux à entretenir. Le réseau autoroutier privé (Sanef, Vinci…) serait utilisé, autant dire que cette décision pourrait faire plaisir aux actionnaires de ces sociétés d’autoroute.
Le réseau ferré français est quasi-exclusivement géré par RFF (Réseau Ferré de France) et exploité par la SNCF (position de quasi-monopole).
Le réseau ferré français de plus en plus menacé
A la différence de nos voisins Allemands de leurs 40 000 km de voies ferrées, le réseau français n’a cessé de se contracter depuis des décennies, avec un réseau exploitable de moins de 30 000 km. Alors que le Fret Allemand semble en constante progression (il est également bien en point dans de nombreux pays européen), le transport ferroviaire français est en déclin et est très déficitaire. La majorité du réseau est utilisé pour le transport de voyageurs.
Jusqu’en 1937, les voies ferrées étaient gérées par des compagnies privées. L’âge d’or a pris fin par la soudaine décision de nationaliser ces voies et de créer une société de toute pièce appelée SNCF. Depuis, la politique nationale a été de supprimer des voies ferrées pour développer le transport routier. De nombreuses lignes ont ainsi été fermées. On peut citer par exemple :
- La ligne reliant Crepy-en-Valois à Creil en passant par Senlis
- La ligne reliant Roye à Cambrai en passant par Peronne
- La ligne reliant Chartres à Massy en passant par Gallardon
Tout d’abord, ce furent les transports de voyageurs, puis vinrent l’arrêt total du transport de Fret. En 2007, avec la décision de la SNCF de supprimer ce que l’on appelle les Wagons uniques (entreprises ne nécessitant qu’un wagon par semaine), plusieurs entreprises françaises ont été contraintes de se tourner vers le transport routier. Des dépôts de gaz, ravitaillés avant le le Fer, utilise maintenant la route pour stocker leur matière dangereuse, avec tous les risques que nous connaissons.
La suppression des lignes Intercités semble donc s’inscrire dans une sorte de continuité.
RFF préfère supprimer des lignes plutôt que de laisser la concurrent les exploiter
Au hasard de mes lecteurs sur le Net, je me suis arrêté sur une troublante histoire ou des Coop française (stockage / transport de produits céréaliers) alerte sur la fermeture des voies capillaires (voies secondaires à faible utilisation). Alors que la concurrence (on peut citer Colas Rail) estime à 300 000 € la remise en état et l’entretien des voies, RFF estime de son côté le coût à… 6 millions d’euros !
Certaines voies ont été fermées et ce malgré la protestation des élus, des usines ou exploitations agricoles et la volonté de certaines sociétés privées de maintenir les voies ferrées. RFF / SNCF ont même refusé à des entreprises de se relier à des voies capillaires en prétextant que celles-ci n’étaient plus aux normes et qu’elles étaient vouées à disparaitre.
Avec la fin de l’éco-taxe, la route apparaît comme la priorité du gouvernement
Les beaux discours sur l’écologie et le développement durables n’ont finalement eu qu’un effet très minime sur l’aménagement du territoire : la fin de l’éco-taxe, la construction / optimisation de nouvelles portions routières, l’abandon de lignes de fret, la fin programmée des liaisons Intercités semblent s’inscrire dans une volonté plus globale de s’appuyer quasi-exlusivement sur le réseau routier. Cela a plusieurs avantages :
- Les sociétés d’autoroute voient le trafic ainsi augmenter
- La consommation en carburant est de fait en augmentation (TIPP)
- L’industrie automobile bénéficie d’une usure plus rapide du parc, et donc d’un renouvellement de pièces ou véhicules plus fréquent
Du côté sombre de ce tableau, on peut s’attendre à une augmentation de l’impact carbone, à l’heure où plusieurs pays tentent de se mettre d’accord pour réduire cet impact sur l’environnement. Etrangement, cela ne semble pas émouvoir les écologistes, pourtant si prompts à réagir sur d’autres sujets.