Bobigny : Ils lancent un SOS pour les enfants en danger

bobigny_sosCes travailleurs sociaux ont suivi plus de 5 000jeunes l’an dernier. Les agents de l’Aide sociale à l’enfance ont manifesté hier afin de réclamer des moyens.

ISABELLE, 52 ANS, l’assure : « J’aime mon travail ». Cette éducatrice spécialisée de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), en poste depuis 1986 à Saint-Denis, avait l’habitude des semaines « à 50-60 heures de travail, sans compter le week-end », parce qu’il lui semblait « impensable de laisser en plan les gamins qu’on a en face de nous ». Mais la charge est devenue trop lourde : « Un jour, j’ai craqué, d’épuisement », glisse l’éducatrice, en arrêt maladie depuis la mi-décembre. Hier, Isabelle s’est jointe à ses collègues de la circonscription de Saint-Denis pour manifester devant le conseil général, à Bobigny. « Ni pompiers ni urgentistes. Tout juste travailleurs sociaux », clame une banderole. Ce n’est pas la première fois que les employés de l’ASE dénoncent leurs conditions de travail. Mais alors qu’on découvrait hier le sort effrayant de quatre enfants, cloîtrés depuis leur naissance dans l’appartement familial à La Courneuve, leur colère a pris une résonance particulière.

Educateurs, psychologues, familles d’accueil, tous décrivent la même situation. De plus en plus d’enfants et d’ados en danger, et des moyens très insuffisants pour le faire. Selon la CGT et la FSU, l’ASE suivait l’an dernier 5 019 jeunes, soit 283 de plus qu’en 2011. A Saint-Denis, circonscription particulièrement chargée, Geneviève gère en permanence une trentaine de dossiers et doit rendre visite à des enfants placés « dans le Sud, en Bretagne, en Belgique », faute de solutions en Seine-Saint-Denis. Priscille, éducatrice dans la circonscription de Gagny, se souvient du cas d’une jeune fille qui avait été abusée par son beau-père. « La procédure judiciaire était en cours, mais comme il n’y avait de place dans aucun foyer, elle est restée à son domicile, sans suivi pendant six mois. » Noria, assistante familiale à Drancy depuis vingt-huit ans, évoque de son côté des familles d’accueil  surchargées, parce qu’il faut bien caser les enfants quelque part…

Une délégation a été reçue au conseil général, par Bally Bagayoko, vice-président (Front de gauche) chargé de la protection de l’enfance, et des membres du cabinet du président PS, Stéphane Troussel. « Nous avons obtenu l’ouverture de deux négociations, sur le nombre de places d’accueil et sur les moyens. Tout devrait être bouclé en juin », annonce Rémi Adel, responsable syndical FSU. Bally Bagayoko a lui aussi constaté une dégradation, « en lien avec la situation sociale et économique des familles ». En 2010, les services sociaux avaient ainsi dû prendre en charge une quarantaine de bébés de moins d’un an. L’an dernier, ce chiffre avait quasiment doublé. « Le département ne reste pas sans rien faire. L’enveloppe budgétaire dédiée a augmenté de 2010 à aujourd’hui », assure l’élu, qui indique que la direction des ressources humaines va plancher sur une meilleure anticipation des remplacements longue durée et promet des « investissements pour remettre en état des établissements ».

Source et image : Le Parisien du 21/03/2014

Publié le 21 mars 2014, dans Enfance, Solidarité, et tagué , , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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