La fin de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois par ses ouvriers ce soir sur LCP
Il y a deux ans, Ghislaine, Salah, Sophie, Franck et des milliers d’autres travaillaient à l’usine. Aujourd’hui, l’usine n’est plus. La période est incroyablement brève, mais elle a suffi à bouleverser l’existence de ces salariés de PSA Aulnay. A l’heure où le site industriel est en pleine démolition, le documentaire « Les mots de la fin », diffusé ce soir sur LCP, leur donne la parole et les invite à formuler leur propre conclusion.
Au plus près des protagonistes
Ses auteurs, la journaliste de France Télévisions Francine Raymond et le réalisateur Ludovic Fossard connaissent bien les hommes et les femmes qui peuplaient l’usine. Ils les ont côtoyés de près, durant plus d’un an, pour narrer leur quotidien sur le blog « Aulnay Story », s’attachant aux pas de quelques figures : Ghislaine Tormos, gréviste passionnée ; Salah Kheltoumi, militant CGT ; Franck Jautee, alias Kash Leone, ouvrier et rappeur, auteur d’une chanson acérée sur PSA et Sophie François, ouvrière non syndiquée, dont les yeux s’emplissent encore de larmes aujourd’hui en évoquant un certain 12 juillet 2012. Ce jour-là, le PDG de PSA, Philippe Varin, officialisait le projet de fermeture d’un site comptant 3 000 salariés. Mais qui se souvient des mots de François Hollande, tout jeune président, qui qualifiait le plan d’ « inacceptable » ? Du prêt de plus de 7 Mds EUR consentis quelques mois plus tard par le gouvernement à PSA, alors que débutaient les négociations autour du plan social ? Le documentaire, par quelques séquences d’archives bien choisies, se livre à un rappel des faits salutaire. Il s’appuie également sur quelques interviews, dont celle, édifiante, de Jean-Luc Vergne, ex-DRH du groupe automobile, qui juge qu’il « aurait fallu s’asseoir autour d’une table dès 2011 », pour préparer la fermeture (dont l’annonce avait été repoussée à après la présidentielle de 2012).
Mais le documentaire tire surtout sa force de la proximité établie, à travers le blog, avec les salariés de l’usine. A raison de deux ou trois articles par semaine, et de 200 minutes d’images, « Aulnay Story » avait collé aux basques de ses personnages étouffant dans un nuage de gaz lacrymogène lors d’une manif parisienne, comptant les sous collectés aux péages pour alimenter la caisse de grève, songeant à l’avenir au bord d’une ligne de montage à l’arrêt… Les auteurs ont confronté les ex-ouvriers d’Aulnay à certaines de ces images, leur permettant de rembobiner le film d’événements encore frais et douloureux. Salah estime avoir vécu « une forme d’expulsion », d’une usine dont les murs étaient « plein de sueur », celle de ses salariés. Franck y voit la faillite des politiques : « Si un gouvernement ne peut rien faire, que peut faire un ouvrier ? » Certes, le film exprime un point de vue plutôt bienveillant à l’égard de la grève qui dura quatre mois dans l’usine. Francine Raymond l’assume : « C’est un point de vue, pas un parti pris. Le point de vue de ces salariés. Il y a aujourd’hui un vrai déficit de la parole du peuple dans le traitement médiatique d’une désindustrialisation comme celle-ci. »
Ce soir, 20 h 30 sur LCP.
Source et image : Le Parisien du 10/06/2014
Publié le 10 juin 2014, dans Actualité, Médias, Sociétés, et tagué Aulnay, Aulnay-sous-Bois, LCP, PSA. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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