Quelques passages, en vrac, tirés du livre : « La France qui déclasse » de Pierre Vermeren

Tout est dit : Gilets jaunes, désindustrialisation, crise de l’école, stagnation sociale, entre-soi des élites françaises dans les métropoles, déstructuration de la France périphérique, porte ouverte au populisme, crise du COVID qui révèle la fragilité de notre santé publique mais aussi, sortir du déclassement, renouer avec la production, reconstruire l’école et la fierté de travailler, revenir à l’aménagement du territoire, remédier à la désertification et à l’appauvrissement de la France en marge.      

« La France a bradé avec zèle ses fleurons industriels et stratégiques. »

« La logique industrielle cède le pas à un consensus idéologique bâti sur la fin du travail, la désindustrialisation, la mort de l’ouvrier, l’abandon des secteurs productifs et l’avènement du tout tertiaire et la financiarisation. »

« Au sein de la haute fonction publique, banquiers et énarques ont pris le pas sur les ingénieurs et les innovateurs des années 1960. »

« Nous vivons la fin du travail et l’avènement d’une société de loisir. »

« Les BTP et les sociétés de services sont devenus les rois d’un capitalisme qui vit de la commande publique. »

« La finance et les travaux publics tiennent la main du politique. »

« La démographie nourrit le BTP par une constante pénurie orchestrée de logements et d’équipements. Elle alimente l’économie d’endettement par les déficits sociaux et publics. »

« La machine productive recourt désormais à un nombre réduit de salariés tandis que la financiarisation et la tertiarisation occupent des personnes plus qualifiées. »

« Ce que le XIXème siècle avait fait en créant un chemin de fer au service de tous les Français et de l’industrie, la 5ème République l’a repris en réorganisant l’espace français au profit des cadres des métropoles. »

« … la France continue en outre de privilégier les formations intellectuelles (même très dégradées) au détriment des filières manuelles et techniques… Mais les formations intellectuelles sont peuplées d’insatisfaits. »

« …depuis une vingtaine d’années, le prix des logements urbains est très fortement poussé à la hausse par la proximité des écoles et lycées les plus réputés ou les mieux classés. »

« La fracture est devenue un abyme entre les élites des métropoles mondialisées et le reste du peuple majoritaire, chassé vers la France périphérique par le cumul de la désindustrialisation et de la hausse des loyers du secteur privé. »

« La déconnexion des élites technocratiques et bourgeoises est avérée. Elles ont perdu pied face à une société qu’elles méconnaissent… »

« Christophe GUILLUY a raison d’insister sur le fait que pour la première fois dans l‘histoire, les classes dominantes peuvent se passer des classes dominées… Au XXIe siècle, les cadres constituent 20% des actifs, soit près de 10 millions de personnes avec leur famille, non compté la frange aisée des retraités. Ils forment un bloc cohérent et compact qui peut vivre presque entièrement replié dans l’entre-soi. »

« En trente ans, une grande partie des classes moyenne et populaire ont été chassées des métropoles par l’envol des prix de l’immobilier urbain. »

« Les modes de vie et de consommation des urbains ont divergé au point de compter aujourd’hui deux Frances/ La première est celle des métropoles et de leurs élites ayant fait sécession. La deuxième, celle des supermarchés, se confond avec la France périphérique que Christophe Guilluy a identifiée et dont il estime qu’elle représente 61% de la population française. … comment a-t-on fait de cette majorité du pays une France invisible aux yeux des élites sociales et politiques qui dirigent le pays ? »

« En un siècle la France a échoué à promouvoir dix à vingt millions de Français/ déculturés par un système scolaire en panne et une télévision qui a renoncé à instruire, taraudés par le chômage de masse, fragilisés par des familles fracturées, et distraits par les nouveaux médias, ces Français sont restés dans leurs conditions. »

« Selon une étude de 2014 publiée en ligne, entre 1983 et 2014, les 50% les moins rémunérés parmi les Français auraient capté 22 % des fruits de la croissance, contre 42% pour les 10% les plus rémunérés.  Or, dans les années 1830, Paris était peuplé de 36% d’ouvriers, ce chiffre est tombé à 5% en 2018, les élites sociales les ayant remplacés. Aujourd’hui, Paris est peuple à 60% de diplômés du supérieur contre 20% en France… Les conséquences sont très diverses et sous estimées :  en médecine, les étudiants étant maintenant recrutés dans les classes supérieures des métropoles, les jeunes médecins refusent d’être affectés en dehors de celles-ci. »

« Quand les ouvriers étaient intégrés à la société dans les années 1960, pris en charge par tout un appareil politique, syndical voire religieux, ils votaient communiste ou gaulliste. Maintenant que la classe ouvrière est désintégrée, en ce début de siècle, elle vote pour une grande part, Front National, mais elle s’abstient pour l’autre, étant en opposition radicale au système politique et social qu’elle subit, pourquoi ? La première réponse tient à la dégradation de sa dignité.  Autrefois, le travail était rude mais il faisait vivre. Aujourd’hui, il est une denrée rare qui ne permet plus de subvenir aux besoins d’une famille puisque les classes populaires vivent pour moitié des aides sociales… La seconde réponse à la question du vote populaire tient à la dégradation incroyable de leur utilité sociale et de leur image publique. »

« La France ne subit pas de crise du logement. La France, où l’on aime la rente, a investi et spécule sur l’immobilier ou sur les titres d’Etat. Un tsunami social et culturel a encouragé cette dynamique en faveur de toujours plus de logements : fractionnement de la famille en micro foyers, vieillissement de la population, croissance démographique importée, hyper congestion francilienne… ».

Chaque citoyen / électeur se devrait de parcourir ce livre si passionnant pour mieux comprendre notre société d’aujourd’hui   ….

Une France clivée:
« …nationalistes contre mondialisés, chantres de l’immigration contre partisans de sa fin, soutien des forces de l’ordre contre ceux qui chantent « Tout le monde déteste la police », athées contre catholiques, islamistes contre laïcs, jeunes contre vieux, actifs contre retraites, zélateurs du pass-sanitaire contre insoumis, droite extrême contre gauche extrême, élites contre peuple, ruraux contre urbains, métropolitains contre France périphérique, coloniaux contre historiens et ainsi de suite…»

 …  et se poser les bonnes questions avant toute élection démocratique  …

Ou ces quelques livres récents sur les mêmes thèmes Sociétaux :
Christophe Guilluy : « la France périphérique » et « Comment on a sacrifié la France populaire »
Jérôme Fourquet : « L’archipel français » et  «  Naissance d’une nation multiple et divisée »
Laurent Izard : «  Quand la France vend son avenir»

Source : Christian avec l’aimable autorisation de Pierre Vermeren

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Publié le 13 décembre 2022, dans Actualité, Culture, et tagué . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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