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Mémoire d’André Laude : Au théâtre de la souris verte
LE gardien de l’espace vert » ordonne aux enfants de fuir loin des pelouses, de renoncer au ballon et au lance-pierres. Alors un vieux petit homme, descendu du ciel au bout de son parapluie rapiécé, se présente devant les enfants et leur dit qu’il est prêt à exaucer tous leurs souhaits. C’est la fête : le petit vieux fait surgir un chien écossais, un serpent à pattes, et dix autres animaux de rêve. Déprimé, le gardien de l’espace vert donne sa démission et s’expatrie…
Dans la salle de classe, détournée pour une heure de sa vocation, c’est l’euphorie. Les bambins applaudissent à tout rompre, hurlent, couvrent de quolibets le pauvre gardien à l’esprit étroit. Une fois de plus, le Théâtre de la Souris verts a remporté un vif succès auprès d’un public qu’on aurait tort de croire exempt d’exigences. Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut se dépêcher, car une autre école attend la compagnie. On charge le matériel dans la vieille Land-Rover poussive, et hop ! en avant, vers une autre banlieue.
Derrière la conductrice, dans leurs cartons, les marionnettes, redevenues immobiles, semblent s’ennuyer, loin des rires d’enfants. Pendant que la directrice du Théâtre de la Souris verte surveille la route, Bernard Davois, vingt-trois ans, second et dernier membre de la compagnie, range soigneusement l’argent de la recette. La séance a été bonne et ce n’est pas tous les jours que le règlement est aussi rapide. La plupart du temps il faut attendre des semaines, sinon des mois.
Article complet extrait du Monde en 1974. André Laude était un grand écrivain qui habitait Aulnay