Archives du blog
En vingt ans, la région Ile-de-France a perdu 370000 postes dans l’industrie
Les immeubles de bureaux ont poussé par endroits mais les usines se sont vidées partout. L’Ile-de-France a gagné 8,5% d’emplois en l’espace de vingt ans. Mais, dans le même temps, la région a perdu la moitié de ses effectifs dans l’industrie. C’est ce qu’indique une enquête du Crocis (Centre de recherches de la chambre de commerce et d’industrie de Paris), portant sur la période allant de 1990 à 2010.
Toujours la première région industrielle. Le phénomène a touché la France entière*, mais c’est en région parisienne qu’il a été le plus marqué. Passant de 761890 salariés en 1990 à 392000 en 2010, l’industrie francilienne a perdu un emploi sur deux, là où la province n’en perdait qu’un sur quatre. Elle ne représente plus que 6,9% du total des emplois en Ile-de-France (contre 85% liés au tertiaire). Parmi les explications avancées, il y a la concurrence de l’industrie dite manufacturière des pays émergents, à partir des années 1990. « Les entreprises ont sous-traité certaines de leurs activités, elles ont aussi délocalisé leur production », note Patrick Hernandez, responsable du service des études de l’Insee. La crise a accentué la tendance. C’est entre 2008 et 2009 que la chute a été la plus brutale (- 4,6%).
Deux tiers en moins dans certains secteurs. Les chiffres sont saisissants. Les effectifs ont plongé de 66% dans des secteurs comme le textile, l’habillement, le cuir, et de 50% dans ceux du bois, du papier et des imprimeries, de l’industrie chimique, des produits en caoutchouc et en plastique, de la métallurgie… Plombé par l’automobile, le secteur des équipements de transport (20% des effectifs en Ile-de-France) est lui aussi touché de plein fouet (la fermeture annoncée de l’usine PSA d’Aulnay va accentuer la tendance).
Une désindustrialisation discrète. Cette chute des effectifs ne s’est pas traduite par une avalanche de grands plans sociaux. « En temps de crise, c’est surtout le tissu des sous-traitants et des petites entreprises qui souffre », indique Yves Burfin, chargé d’études au Crocis. Le phénomène ne s’est pas non plus traduit par l’émergence de friches comme cela a été le cas il y a quarante ans, car, note encore Yves Burfin, « on n’a plus vraiment de territoire dédié à une seule activité en Ile-de-France ».
La grande couronne résiste mieux. On y trouve plus de terrains disponibles, et un foncier moins cher. La désindustrialisation a été moins rapide en grande couronne (- 28%, contre – 60% à Paris et en petite couronne). Au point que les Yvelines, avec 78500 salariés (notamment dans l’automobile), sont désormais le premier employeur régional dans l’industrie, devant les Hauts-de-Seine (76770 emplois, dont une majorité dans l’industrie pharmaceutique).
* Selon une estimation du cabinet Trendeo, la France a perdu 24000 emplois industriels en 2012.
Source : Le Parisien du 18/03/2013