Les enfants, victimes oubliées des violences conjugales à l’hôpital Ballanger Aulnay-sous-Bois
En Seine-Saint-Denis, un protocole unique en France prend en charge ces victimes. Direction le service pédiatrie de l’hôpital Robert Ballanger à Aulnay-sous-Bois. C’est entre ces murs que les enfants sont hospitalisés quand leur père a tué ou tenté de tuer leur mère. Dans le jargon on parle du « protocole féminicide ». Un sas de huit jours, 24 heures sur 24 pour gérer le traumatisme et aborder la suite car l’impact est comparable à celui des victimes de guerre.
La perte « de deux figures d’attachement »
Clémentine Rappaport, la cheffe du service de pédopsychiatrie les accompagne dans un moment « où les enfants sont souvent soit très agité, soit très triste, où ils manifestent beaucoup de symptômes ». Ces enfants « vont exprimer tout de suite l’absence de leur mère et de leur père puisqu’ils perdent les deux figures d’attachement avec la mère qui est morte, et le père qui est incarcéré, explique Clémentine Rappaport. Ils l’expriment beaucoup avec le jeu mais ce n’est pas jouer au sens de s’amuser, c’est jouer pour exprimer ce que l’enfant a à dire. »
Je pense que ce sas de huit jours est vraiment important pour passer cette première période si douloureuse. Les traumatismes sont d’autant plus impactant sur le développement de l’enfant qu’il était petit.
Clémentine Rappaport
En cinq ans, une trentaine d’enfants ont été pris en charge. Rachid Lamara lui n’a rien eu de tout ça. Il avait 5 ans quand son père a tué sa mère, à coup de couteau, en 1982. Aujourd’hui, il a 40 ans, et il a l’impression d’être passé à côté de sa vie. « La prise en charge d’un orphelin c’est tout de suite après, faut pas le lâcher, alerte-t-il. J’ai réussi à me marier. Je ne sais pas comment ça s’est fait. J’ai réussi aussi à avoir deux garçons mais rien de tout ça ne me faisait plaisir. C’est le bonheur d’avoir une femme, des enfants et un foyer mais rien n’avait de goût pour moi. Il y a toujours cette tache noire quelque part, ma vie a été volée. »
Source et article complet : FranceInfo
Publié le 25 novembre 2020, dans Actualité, Enfance, et tagué Aulnay, Aulnay-sous-Bois, Enfants, Femmes battues, Hôpital Ballanger. Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.
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