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La chanteuse féministe Anne Sylvestre vient de nous quitter
Une grande dame de la chanson française vient de s’éteindre des suites d’un AVC à Paris le 30 novembre 2020 dans sa 86ème année. Née le 20 juin 1934 à Lyon, elle passe son enfance à Tassin-la-demi-lune, puis suivra sa famille qui s’installe à Paris, où Anne Sylvestre fait des études de lettres qu’elle délaisse pour écrire et composer ses chansons.
Entre 1957 et 1962, elle fait ses débuts dans différents cabarets où elle présente et interprète ses compositions, mais c’est à la radio qu’elle commence à se faire un nom. Elle sort un premier disque en 1959 et comme elle s’accompagne elle-même à la guitare, elle est comparée à Georges Brassens en raison de la grande qualité de ses textes. Le prix de l’académie de la chanson française lui est attribué en 1960.
A partir de 1962, Anne sylvestre se produit en première partie de spectacle de Jean-Claude Pascal à Bobino, mais également à L’Olympia en première partie de Gilbert Bécaud. Ses prestations sont remarquées par la presse et Georges Brassens écrira a propos de cette interprète : » On commence à s’apercevoir qu’avant sa venue dans la chanson, il nous manquait quelque chose et quelque chose d’important. »
En Octobre de la même année, elle sort un 45 tours présentant ses premières chansons pour enfants nommées les » fabulettes « , les accompagnant dans leur vie quotidienne : se lever, apprendre à faire ses lacets, nager ont marqué les enfants des années 1960 et 1970 : « Je me suis mise à en écrire après la naissance de ma première fille » [en 1962], confiait-elle à Télérama en 2017. A l’époque, il n’existait pas de “marché” et personne n’y croyait. Mais ça a tout de suite plu, on m’en a réclamé d’autres ».
Entre 1963 et 1967 le grand prix international du disque de L’académie Charles-Cros lui est attribué quatre fois. Son premier 33 tours sort en 1963. Le succès obtenu auprès du public au théâtre des Capucines en 1973 l’encourage à monter sa propre maison de disques nommé » sylvestre » qui sera alors distribué chez Barclay. » Les Pierres dans mon jardin » est le premier album produit sous son propre label.
L’année suivante en 1974, sa sœur cadette de huit ans, l’écrivaine Marie Chaix brise le silence en sortant un livre évoquant l’histoire de leur père Albert Beugras, collaborateur qui fût le bras droit de jacques Doriot, lequel était à la tête du parti populaire français durant l’occupation. Toute son œuvre littéraire tourne autour du thème de la mémoire liée à leur famille…
Dans » Les Lauriers du lac de Constance, Marie chaix osait raconter sa famille déchirée par un père collaborateur parti en Allemagne en 1944 puis emprisonné à Fresnes après la Libération. La perte d’un frère également, qui avait suivi son père à la toute fin de la guerre, et qui disparut sous un bombardement allié. Anne sylvestre évitait d’évoquer ce passé douloureux…. Pendant longtemps, Anne n’a rien dit de ce passé-là, trop lourd à porter, trop lourd à avouer, demandant même à sa petite sœur de taire leurs liens de famille. Cependant elle reconnait qu’elle a fait quelques allusions discrètes dans deux de ses chansons :
» Roméo et Judith » une chanson évoquant l’injustice sur fond d’antisémitisme…
https://www.youtube.com/watch?v=lojY3aUSX7g
» Une sorcière comme les autres « , où pour la première fois Anne faisait allusion à son père et à son frère et où elle a eu le sentiment que les paroles lui en avaient été inspirées et dictées…
https://www.youtube.com/watch?v=TQLlIgj_LFQ
Cinq albums de chansons pour adultes où elle s’accompagne à la guitare seront produits par Anne Sylvestre entre 1975 et 1986. L’Olympia lui offrira l’opportunité de son premier enregistrement public en 1986. Sa longue carrière est également émaillée de distinctions honorant ses talents d’écriture et d’artiste :
- Quatre fois Grand Prix international du disque de L’Académie Charles-Cros entre 1963 et 1967
- Docteur Honoris causa de l’université Concordia
- Officier de l’ordre national du mérite en 1993
- Officier de la légion d’honneur en 2020
- Médaille de vermeil de l’Académie Française en 1998
C’est à L’Olympia où elle s’est produite à plusieurs reprises qu’elle fêtera en 1998 ses quarante ans de carrière. 20 ans plus tard en 2018, ses 60 ans de carrière seront marqués par une tournée, la sortie d’un triple CD » florilège » et une intégrale de ses œuvres sera éditée chez EPM intitulée » 60 ans de chanson ! Déjà ? « .
En 2014, Anne Sylvestre est annoncée au Printemps de Bourges, ainsi qu’aux Francofolies de La Rochelle. En 2019 la Sacem lui rend hommage. Anne Sylvestre s’est toujours revendiquée féministe, mais a également défendu toutes les causes s’orientant vers plus de tolérance et d’humanisme en abordant des thèmes sensibles, voire tabous, tels que le viol, l’avortement, la misère, le mariage gay, l’homosexualité et les préjugés qui lui sont attachés, les sans-abris etc…. Certaines de ses chansons figurent dans les films de nombreux réalisateurs.
Le Bataclan, ce lieu devenu tristement célèbre lors des attentats du 13 novembre 2015 où 16 ans après ses propres prestations, elle perdit son petit-fils dans cette même salle, Baptiste Chevreau également musicien qui n’avait que 24 ans et qui était venu assister à un concert de rock…. Le destin est parfois bien facétieux et cruel….En 1989, ironie du sort, Anne Sylvestre avait joué et chanté au Bataclan dans une pièce écrite par Jean-Pierre Léonardini dont elle avait composé les musiques, écrit et interprété les chansons intitulées : » La Ballade de Calamity Jane « .
« Le 13-Novembre 2015, nous avons découvert que cela n’arrivait pas qu’aux autres. Aujourd’hui, nous souhaiterions que l’on se souvienne de Baptiste, et des 130 autres victimes décédées ce jour-là. Parce qu’on ne peut pas oublier. Parce qu’on ne doit pas oublier. »
Article rédigé les 1er et 2 décembre 2020 par Catherine Medioni
Pleins feux sur une des quatre finalistes du Goncourt, Djaïli Amadou Amal
Née d’un père camerounais et d’une mère égyptienne, Djaïli Amadou Amal a vu le jour en 1975 à Maroua dans le Diamaré, région située dans l’extrême nord du Cameroun. Elle est considérée aujourd’hui comme une des figures de proue de la lutte pour les droits des femmes au Cameroun.
Mariée de force à 17 ans à un quinquagénaire dont elle n’est pas amoureuse, elle parviendra à le quitter 5 ans plus tard. Cette première expérience en tant que femme n’ayant aucun pouvoir de décision sur sa propre vie, l’amène à s’interroger sur les discriminations répressives, les violences et les maltraitantes faites aux femmes et en fait son cheval de bataille.
Remariée à un homme violent avec lequel elle aura deux filles, elle finit par le quitter lui aussi pour s’installer à Yaoundé, mais lors de la rupture et par mesure de rétorsion punitive, son ex-époux kidnappe ses deux filles. C’est à cette période-là que Djaïli se met à écrire pour dénoncer les injustices et les maltraitances infligées aux femmes, au point que la presse Camerounaise la surnomme » la voix des sans voix « .
Paru en 2010, son premier roman : « Walaande, l’art de partager un mari « est le témoignage autobiographique d’une femme qui a subi la polygamie et le partage d’un époux au milieu de trois autres femmes. Comme elle le décrit elle-même : « Quand tu entres dans une famille polygamique, tu dois être aveugle et sourde. Que tes yeux ne voient rien, tes oreilles n’entendent rien, ta bouche ne dise rien ». Avec ce premier roman, elle obtient le prix du jury de la fondation Prince de Claus à Amsterdam, ce qui lui ouvrira les portes d’un rayonnement plus grand car son roman sera traduit en arabe et diffusé dans les pays du Maghreb et du moyen orient.
Par le biais de l’écriture et comme une catharsis visant à exorciser les souffrances spécifiques des femmes du Sahel, Djaïli Amadou Amal dénonce les problèmes sociaux, cultuels et culturels de sa région qui enferment les femmes peules dans les discriminations négatives infligées par les pesanteurs et les traditions religieuses.
Au retour d’un voyage aux états unis et avec le soutien de l’ambassade des états unis au Cameroun, elle crée en 2012 l’association » femmes du Sahel » qui promeut l’éducation de la femme et de la jeune fille et les sensibilise contre le mariage précoce et forcé, ainsi que contre toutes formes de violences perpétrées contre elles. La tradition peule en effet veut que la femme soit contrainte. L’association lutte par conséquent contre cette idéologie ancestrale en invitant les hommes et les femmes à évoluer sur ces concepts excessivement dommageables aux femmes.
La littérature est devenue une véritable planche de salut pour Djaïli qui affirme que : » c’est sa vraie raison de vivre « , » qu’elle est devenue un exutoire lui permettant d’être le porte paroles d’une majorité de femmes de son pays « . En 2014, dans mon roman » Mistiriijo : la mangeuse d’âme » je dénonçais » l’accusation faite à des femmes d’être porteuses de mauvais sorts «
Quelques années après avoir subi ce qu’elle n’a jamais choisi de vivre ni de subir, Djaïli a décidé qu’elle n’allait pas accepter ces situations d’irrespect et de violences faites aux femmes, autant pour elle-même que pour ses filles et pour toutes les femmes de sa communauté. Elle voulait dire haut et fort tout ce qu’elle ressentait à propos de ces violences institutionnalisées et pérennisées par une culture uniquement tournée vers le droit, le plaisir et le bon vouloir des hommes, et selon elle la meilleure façon de le faire était de décrire ces situations dans des romans pour sensibiliser et dénoncer les tabous et les abus. « Je suis devenue féministe en prenant conscience de ce que je subissais » et de ce que Djaïli ne voulait pas pour ses filles.
Une maison d’édition française propose à Djaïli de retravailler le texte de son troisième roman « Munyal », afin qu’il devienne universel et qu’il puisse être lu partout dans le monde. C’est alors qu’il parait en septembre 2020 sous le titre » les impatientes » aux éditions Anne Carrière/Emmanuelle Collas, et sera finaliste du Goncourt avec trois autres auteurs masculins.
Se trouvant chez elle à Douala au moment où elle apprit qu’elle avait été reçue dans la quatuor final des sélections du Goncourt, elle avoua » qu’elle était très émue, en larmes même « . Son roman » les impatientes » qui est un pamphlet contre le mariage précoce des jeunes filles et le viol conjugal, décrit le quotidien de trois femmes peules et musulmanes vivant au Cameroun, et met en lumière les souffrances de ces femmes au sein de mariages arrangés, forcés et polygames :
« Avec ces trois héroïnes, j’ai voulu surtout parler du thème des violences faites aux femmes, expose-t-elle. La polygamie est une violence psychologique, mais il y a aussi des violences physiques et conjugales. » explique Djaïli Amadou Amal. A noter également que « Les impatientes » fait également partie des œuvres sélectionnées pour remporter le prix Goncourt des lycéens.
Article rédigé le 1er décembre 2020 par Catherine Medioni
Viens faire ta coupe du monde, ouverte exclusivement aux filles de 10 à 17 ans
La FIFA Women’s World cup (Coupe du monde féminine de football) se déroulera cet été en France.
À cette occasion, le District 93 foot organise un après-midi d’animations « Viens faire ta coupe du monde » ouvert à toutes les filles de 10 à 17 ans. Entrée libre
Le: Vendredi 26 avril de 13h30 à 18h
Stade Belval, rue de Flore
➡️ https://www.aulnay-sous-bois.fr/agenda/loisirs/sport/toi-aussi-viens-faire-ta-coupe-du-monde/
Source: ville d’Aulnay