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Roi nu roi mort d’André Laude – La table rase 1983
O mère voici que je viens m’asseoir en silence
au pied de tes os noircis
Je me tais je te contemple seulement
il y a si longtemps déjà que tu es partie
je n’étais alors qu’herbe folle
Sur une photo précieusement serrée
entre les lettres des bien-aimées
qui s’attardèrent un jour ou deux près de ma flamme avant de reprendre la route des fumées
Sur une photo jaunie par le passage des saisons
je ris contre ta bouche merveilleuse étincelante
je ris dans tes cheveux de matin premier
Aujourd’hui cette nuit les poings enfoncés dans le ventre je reviens à la source
O mère près de tes os rares nettoyés par la vents et les neiges
Doucement je pose ma tête d’éternelle enfance
sur tes genoux qui ont goût de pomme de pin
et je pleure
Avec toi tout à l’heure quand les étoiles commenceront
à diminuer au-dessus de la rumeur
quand l’aube dévoilera les dépouilles chaudes encore des suicidés
avec toi ô ma mère aux secrets je parlerai
de l’ancien temps
du temps de l’horrible métier de vivre
Source : poème proposé par André Cuzon
L’avortement clandestin raconté par le poète d’Aulnay-sous-Bois André Laude
Il faut rappeler le vécu de l’enfant qui n’a pas connu sa mère pour cause d’avortement clandestin. Nous pensons à André Laude.
Sa mère Olga LOUAZON née à Aulnay en 1916 a eu une première fille Marcelle en 1934.
André Laude nait le 3 mars 1936. Elle a 20 ans. Ils habitaient rue Fontaine des prés (dans l’ancien parc du château)
En 1938 sa mère fait une « fausse couche » qui oblige le transport à l’hôpital de Gonesse où elle décède le 3 mai 1938.
L’« avortement » est interdit et le mot « aussi » bien sûr.
Cette « blessure rapprochée du soleil » a inspiré son œuvre poétique et a finit par le faire expiré de désespoir.
Voici un long poème qui rappelle que les mères mouraient et que les enfants : pouvaient dire toute leur vie : « Autrefois j’avais une maman. »
Source : André Cuzon
Il y a 81 ans le jour de Noël, André Laude était baptisé à l’église Saint-Sulpice d’Aulnay-sous-Bois
Nous sommes en 1941, en pleine guerre donc.
IL était né en 1936.
Sa mère Olga Marie Louazon était morte en 1938 à l’hôpital de Gonesse suite à une fausse couche…
Elle était née à Aulnay en 1916. Son père prêtre (né en Bretagne) était venu à Aulnay avec sa mère enceinte, pour gagner sa vie comme ouvrier agricole et nourrir sa famille.
En 1995 après une « poévie » y compris « dans la rue » il meurt seul dans une chambre de bonne à Belleville sous les toits de Paris et laisse le message suivant :
« Ne comptez pas sur moi
je ne reviendrai jamais
je siège déjà là-haut
parmi les Elus
Près des astres froids
Ce que je quitte n’a pas de nom
Ce qui m’attend n’en a pas non plus
Du sombre au sombre j’ai fait
un chemin de pèlerin
Je m’éloigne totalement sans voix
Le vécu mille et une fois m’abuse, vaincu.
Moi le fils des Rois. »
Sur internet vous pouvez lire André Laude…
« Dans ma maison
le repas du soir n’a pas été servi
De toute façon
dans ma maison
il n’y a pas de table
il n’y a ni couverts
ni poivre et sel
ni femme fidèle
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Ma maison est un rêve
un rêve en carton
déchiré à chaque instant
par la meute des vents
ceux qui viennent de Russie
et ceux qui viennent du Horn.
Dans ma maison
cette nuit je ne dormirai pas.
Je dormirai sur l’aile
d’un grand goéland
qui vole lentement
au-dessus des quarantièmes hurlants.
Je dormirai
Sur le dos d’une baleine bleue
Comme un petit enfant
en proie à la fièvre des légendes
Dans ma maison
La caresse de minuit
Sera une absence cruelle
Une larme de sang
Sur un imaginaire oreiller.
Pardonnez oui pardonnez le poète
S’il se répète
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Je dormirai dans la nuit du monde
sans jamais fermer les yeux
écoutant sonner les peurs, les heures, les minutes, les secondes. »
Source : André Cuzon
La confession d’un français de Gauche en Algérie avec André Laude
André Laude a passé plus d’un an dans l’Algérie de Ben Bella. Il a connu comme rédacteur à l’agence Algérie-Presse-Service les débuts du nouvel état. Partisan, depuis l’origine, de l’indépendance algérienne, il a, en métropole, durant les années de guerre, apporté son soutien aux militants du Front de Libération Nationale. Il explique avec sincérité les cheminements passionnels et intellectuels qui l’ont amené à cette attitude, et il décrit les espoirs qui l’habitaient lorsqu’il s’envola en 1962 vers l’Algérie révolutionnaire de ses rêves. De l’Algérie qu’il découvrit, des hommes qu’il rencontra, il dresse un portrait où frémissent et alternent l’espoir et l’amertume.
L’envol vers une révolution éblouissante
Près d’une année et demie, j’ai vécu en Algérie « socialiste ». Près d’une année et demie, j’ai appartenu à ce groupe d’hommes que la presse française d’extrême droite ou fascisante, a baptisé les « mercenaires de Ben Bella » et les nouveaux collabos.
A partir de l’automne 1962, beaucoup de jeunes hommes sont arrivés sur la terre algérienne. Pour la plupart leurs motivations ont été les miennes, et cet exil hors de France marquait l’aboutissement d’un itinéraire plus ou moins long, commencé plus ou moins tôt.
Pour nombre d’entre eux, tout aura commencé à partir du 2 novembre 1954, lorsque les Français apprirent par leurs quotidiens habituels, sans y porter grande attention, sans pouvoir mesurer l’événement, que la violence avait déchiré la douce paix de la nuit maghrébine, au pays d’Abd-el-Kader. Pour moi, puisqu’il s’agit ici, moins d’écrire une étude sociologique avec chiffres et statistiques à l’appui sur l’Algérie, que de rapporter le plus fidèlement possible une aventure intérieure personnelle et de la confronter aux réalités, l’aventure avait commencé beaucoup plus tôt.
Je puis dire que le problème algérien a été le mien dès le commencement de mon engagement dans la lutte sociale. Il faut remonter à mes 15 ou 16 ans. Nous sommes dans la banlieue ouvrière de Paris, dans une cité dortoir, plus précisément à Aulnay-sous-Bois. C’est une ville d’ouvriers et d’employés de bureau, avec des rues bordées de petits pavillons qui respirent le confort petit-bourgeois, et d’immeubles (depuis, les HLM ont poussé comme des champignons sur les pourtours).
Source et article complet : cliquer ici
André Cuzon veut continuer le combat d’André Laude, célèbre poète d’Aulnay-sous-Bois
Il y a 25 ans en plein « marché de la poésie » pour la Saint-Jean d’été l’annonce de la mort du poète André Laude fut un événement.
André Cuzon, personnalité locale, vous propose de découvrir le numéro de « hors-jeu » dont il était directeur de la rédaction réalisé par « feu » Jean-Michel, qui réussit à recevoir des hommages importants.
André Cuzon compte continuer le combat d’André Laude !
Un petit poème d’André Laude sur les migrants
Un passionné pour le poète Aulnaysien André Laude vous invite à lire ou à relire ce poème d’André Laude sur le sujet des migrants :
« j’ai pris le train des émigrants
chacun gardait au creux de la paume
un peu de terre natale
qu’il pétrissait en la mouillant de larmes secrètes
chacun diminuait à mesure
que le pays s’éloignait
dans les yeux des interrogations
dans le coeur une sourde lanterne
j’ai pris le train des émigrants
De beaux enfants bruns et insouciants
riaient comme des jeunes pousses
en demandant des explications
j’ai pris le train des émigrants
Turcs Portugais Arabes
l’odeur de tabac et des corps
Et dans le noir du sommeil une guitare de nostalgie. »
André Laude, Vers le matin des cerises.
Vidéo : important témoignage de la première compagne d’André Laude sur le défunt
André Laude, poète et activiste, n’a pas connu que du bonheur, loin s’en faut. Sa première compagne, Marie-Pierre Aynes, témoigne en exclusivité sur Aulnaycap, témoignage que vous pouvez découvrir en vidéo en cliquant sur l’image ci-contre.
André Laudé avait été interviewé ici.
Interview de Marie-Pierre Aynes réalisée par Arnaud Kubacki le 10 janvier 2016.
Mémoire d’André Laude : Au théâtre de la souris verte
LE gardien de l’espace vert » ordonne aux enfants de fuir loin des pelouses, de renoncer au ballon et au lance-pierres. Alors un vieux petit homme, descendu du ciel au bout de son parapluie rapiécé, se présente devant les enfants et leur dit qu’il est prêt à exaucer tous leurs souhaits. C’est la fête : le petit vieux fait surgir un chien écossais, un serpent à pattes, et dix autres animaux de rêve. Déprimé, le gardien de l’espace vert donne sa démission et s’expatrie…
Dans la salle de classe, détournée pour une heure de sa vocation, c’est l’euphorie. Les bambins applaudissent à tout rompre, hurlent, couvrent de quolibets le pauvre gardien à l’esprit étroit. Une fois de plus, le Théâtre de la Souris verts a remporté un vif succès auprès d’un public qu’on aurait tort de croire exempt d’exigences. Il n’y a pas de temps à perdre. Il faut se dépêcher, car une autre école attend la compagnie. On charge le matériel dans la vieille Land-Rover poussive, et hop ! en avant, vers une autre banlieue.
Derrière la conductrice, dans leurs cartons, les marionnettes, redevenues immobiles, semblent s’ennuyer, loin des rires d’enfants. Pendant que la directrice du Théâtre de la Souris verte surveille la route, Bernard Davois, vingt-trois ans, second et dernier membre de la compagnie, range soigneusement l’argent de la recette. La séance a été bonne et ce n’est pas tous les jours que le règlement est aussi rapide. La plupart du temps il faut attendre des semaines, sinon des mois.
Article complet extrait du Monde en 1974. André Laude était un grand écrivain qui habitait Aulnay
André Cuzon : « LAUDATE SI’ » : « Loué sois-tu »… une révolution écologique ? !
André LAUDE c’est une vie en poésie dans le refus de tout compromis mais sans cesser d’exercer une lucidité planétaire et l’art de l’exprimer avec des œuvres majeures comme « dans ces ruines campe un homme blanc » dès 1968.
Évidemment cette « poévie » de révolutionnaire lui fit rencontrer à 17 ans André Breton, puis René Depestre et Gérald Bloncourt les révolutionnaires haïtiens de 1946, comme Georges Amado le brésilien ou Kateb Yacine l’algérien ou Ted Joans le beatnik noir…
Sans parler des français de Prévert à Vian de Doisneau à Cartier Bresson qui fit son portrait au trait (joint).
La vérité du poète je pourrais la développer mercredi soir à 20 heures au foyer DUMONT : sa fin, ses doutes, son combat de SDF avec les SDF mérite notre respect profond.
Voici un de ses derniers poèmes inédits :
« Dans ma maison
le repas du soir n’a pas été servi
De toute façon
dans ma maison
il n’y a pas de table
il n’y a ni couverts
ni poivre et sel
ni femme fidèle
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Ma maison est un rêve
un rêve en carton
déchiré à chaque instant
par la meute des vents
ceux qui viennent de Russie
et ceux qui viennent du Horn.
Dans ma maison
cette nuit je ne dormirai pas.
Je dormirai sur l’aile
d’un grand goéland
qui vole lentement
au-dessus des quarantièmes hurlants.
Je dormirai
Sur le dos d’une baleine bleue
Comme un petit enfant
en proie à la fièvre des légendes
Dans ma maison
La caresse de minuit
Sera une absence cruelle
Une larme de sang
Sur un imaginaire oreiller.
Pardonnez oui pardonnez le poète
S’il se répète
De toute façon
Il n’y a pas de maison
Je dormirai dans la nuit du monde
sans jamais fermer les yeux
écoutant sonner les peurs, les heures, les minutes, les secondes.
André Laude »
Source : hommage d’André Cuzon à André Laude
