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Nouvelle nuit de chaos à Aulnay-sous-Bois avec le KFC incendié, des voitures brûlées et des interpellations

kfc_aulnayMalgré une marche blanche et la victime Théo qui appelle au calme, pour la 3ème nuit consécutive, la nuit a été chaude à Aulnay-sous-Bois.

Le restaurant KFC situé au niveau du carrefour de l’Europe a été attaqué au cocktail Molotov, incendié et en partie détruit. Un autre restaurant dans le secteur a été touché. On nous signale 3 véhicules incendiés et de nombreuses poubelles en flamme.

La police a effectué plus de 20 interpellations, et un hélicoptère a été entendu pendant une partie de la nuit au-dessus des quartiers Nord de la ville.

Des fast-foods à la place du garage incendié à Aulnay-sous-Bois

Fast_Food_AulnayDes ruines noires de suie, puis des montagnes de gravats. « C’était Sarajevo, c’était une vision de guerre », se souvient une habitante. Pendant des années, ce paysage désolant s’est offert aux yeux des 20000 conducteurs empruntant chaque jour le rond-point de l’Europe à Aulnay-sous-Bois. Désormais, ce n’est plus qu’un souvenir. Sur le site de l’ancien garage Renault, incendié durant les émeutes de 2005, deux cubes se font face, surmontés d’enseignes bien visibles depuis la route.

D’un côté le visage souriant et barbichu du colonel Sanders, fondateur de la chaîne de restaurants KFC. De l’autre, les lettres blanches du Quick inauguré la semaine dernière. Deux autres bâtisses sont en travaux, un restaurant asiatique « Wok’n Roll » et un Lidl, censés ouvrir leurs portes d’ici la fin de l’année. On est loin des projets ambitieux des débuts, mais les clients ont déjà pris leurs habitudes.

Des ailes de papillon ont poussé sur les joues de Chainesse, 4 ans. Kevin, 15 ans, a reçu en cadeau un « truc avec des écouteurs ». Et Christine, l’énergique grand-mère, l’avoue volontiers : le Quick, « les enfants adorent, même s’ils ne mangent rien ». « On peut venir à pied, ajoute-t-elle. Cet été, on est beaucoup allés au KFC, parfois juste pour boire un Coca, manger une glace… ». Christine habite depuis 20 ans dans la cité de l’Europe, voisine du site. Avant, cette intérimaire prenait la voiture pour emmener la petite famille au centre commercial O’Parinor, haut lieu de distraction. « Ca mettra un peu de vie dans le quartier, espère-t-elle. La cité va leur donner du travail, il y a beaucoup d’enfants! »

Merima, 36 ans, termine son hamburger en résumant à son neveu un épisode de la série « Games of Thrones ». Bastien, 21 ans, avait déjà ses habitudes au KFC, ouvert depuis dix mois : « J’y viens une fois par semaine de Drancy, où je fais mes études ». Le menu étudiant, les boissons à volonté, tout cela convient à ce fils d’ouvrier de PSA, aux revenus modestes. Merima et Bastien se souviennent du garage Renault, de ses ruines « horribles à voir » : « Ca renforçait l’image de ghetto. Maintenant c’est un lieu de vie », glisse Merima. « Ce qui manque vraiment ici, c’est un cinéma. Pour voir un film, il faut prendre l’autoroute! », tempère Bastien.

Derrière les caisses, Jason, 19 ans, vient du quartier du Gros-Saule, Sanaa, 21 ans, habite à la Rose-des-Vents. « Nous avons travaillé avec la ville et Pôle emploi pour recruter une majorité d’Aulnaysiens », indique le gérant Eric Azan, qui a reçu… 500 candidatures, pour 40 postes à temps partiel, payés au smic horaire.

Un site stratégique

C’est l’endroit rêvé, semble-t-il, pour faire pousser des fast-foods. « Avec plus de 20000 véhicules par jour, et une population de plus de 80000 habitants, il y a un vrai potentiel », note Olivier Leblanc, responsable du développement Ile-de-France chez KFC. Quick mise d’ailleurs sur le « drive » pour réaliser la moitié de son chiffre d’affaires… en attendant la gare du Grand Paris, qui doit s’installer sur un terrain juste en face. Le site sinistré en 2005 est donc devenu stratégique. ll aurait pu d’ailleurs accueillir d’autres activités. Plusieurs pistes ont été explorées, de l’immeuble de bureaux au centre commercial en passant par un cinéma… « Ce n’était pas le projet de départ, mais il fallait en finir avec cette situation », note-t-on du côté de la municipalité. Le site Renault, ravagé par les flammes dans la nuit du 3 au 4 novembre 2005, est resté à l’abandon durant plus de cinq ans.

Source et image : Le Parisien du 17/04/2013