Archives de Catégorie: Histoire

Sylvie Billard : le racialisme est une menace pour la paix civile (2/2)

Cher.e.s Aulnaysien.ne.s,

Face aux racialistes qui jugent coupables les seuls Occidentaux pourtant les seuls à avoir d’eux-mêmes aboli l’esclavage et à s’en repentir et qui épargnent les Arabo-musulmans et les Africains tout aussi responsables sans n’avoir jamais reconnu officiellement leur responsabilité, affirmons – en citant un de mes commentateurs – que « toute solidarité qui ne s’applique pas au genre humain dans son ensemble porte en germe la haine de l’autre ».

Alors, plutôt qu’aux racialistes haineux, donnons la parole* à des Africains courageux et responsables (*extraite du journal Jeune Afrique) :

« Nous, Africains, devons aussi assumer notre responsabilité dans l’esclavage1 »

« (…) Les interventions de Romuald Hazoumé, quant à elles, ne vont pas forcément dans le sens auquel on pourrait s’attendre, celui d’une attaque en règle des Occidentaux. « Moi mon rôle en tant qu’artiste africain, c’est de dire aux miens, ‘nous, Africains, devons aussi assumer notre responsabilité dans l’esclavage !’ S’il n’y avait pas eu de vendeur, il n’y aurait pas eu d’acheteur. Comme les Occidentaux, des Africains ont aussi profité de ce trafic ! Et il est important de parler de ce qui se passe aujourd’hui, de parler de ces enfants que l’on « place » dans d’autres familles, qui font le ménage, la vaisselle, qu’on ne met pas à l’école… Nous devons nous regarder d’abord avant de regarder les autres. »

(…) Un autre invité, Gildas Bi Kakou, historien ivoirien qui a consacré sa thèse de doctorat à la traite négrière ivoirienne au XVIIIe siècle, intervient dans les collections. (…) Il décrit par exemple les opérations guerrières ‘nolo’ (rapt d’un individu isolé) ou ‘mvrakila’ (tenant du raid, de la razzia) au Congo pour fournir des esclaves aux négriers. Il évoque aussi le royaume Ashanti (1701-1874) à qui était livré chaque année un tribut de 2 000 esclaves.

‘La responsabilité africaine dans l’esclavage est encore taboue, reconnaît celui qui s’est intéressé au sujet en découvrant que certains de ses lointains aînés avaient été propriétaires d’esclaves. Que l’on soit descendant de parents réduits à la servilité ou de personnes possédant des esclaves, c’est encore très compliqué et honteux d’en parler.’

L’historien prometteur (il est lauréat du prix du Comité national pour la mémoire et l’Histoire de l’esclavage 2019) poursuit actuellement son travail à Nantes, les universités ivoiriennes ne semblant pas pressées de s’attaquer sérieusement au sujet. ‘Il y a aussi des enjeux financiers dans la reconnaissance d’une participation africaine, remarque Krystel Gualdé. Si les États reconnaissaient cette participation, la question des réparations serait évidemment brouillée’. »

Pour ma part, au-delà d’un ressassement haineux du passé, j’appelle chacun.e à assumer et à dépasser son Histoire, afin de construire pour tou.te.s un avenir de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s

Votre.elue.citoyenne@gmail.com

Sylvie Billard : Le racialisme est une menace pour la paix civile (1/2)

Cher.e.s Aulnaysien.ne.s,

À l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions du 10 mai, mon texte d’hommage aux victimes passées et actuelles a été qualifié de « révisionniste » ! L’utilisation de ce terme – réservé habituellement à l’encontre de l’extrême droite antisémite niant l’existence de la Shoah- est plus que problématique. Outre le fait que je ne suis ni d’extrême droite, ni antisémite, loin de nier les faits historiques, je les expose, car au-delà des ressassements haineux du passé, j’appelle chacun.e à assumer et à dépasser son Histoire, afin de construire pour tou.te.s un avenir de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Je vous laisse découvrir ces échanges et juger par vous-même ce qui est bon ou pas pour notre ville et notre pays.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s

Votre.elue.citoyenne@gmail.com

Mon texte :

« Écoutons avec respect les descendants des 42 millions de personnes réduites en esclavage en 13 siècles par les traites atlantique, arabo-musulmane et intra-africaine. Ne cédons rien aux racialistes qui jugent coupables les seuls Occidentaux pourtant les seuls à avoir d’eux-mêmes aboli l’esclavage et à s’en repentir et qui épargnent les Arabo-musulmans et les Africains tout aussi responsables sans avoir jamais reconnu officiellement leur responsabilité. Ne jugeons pas les descendants occidentaux, arabo-musulmans et africains des acteurs de ces traites, car ils ne sont pas responsables des crimes de leurs aïeux.

Fort.e.s d’un passé connu, officiellement reconnu et assumé, écoutons respectueusement les souffrances endurées et luttons contre la réduction actuelle en esclavage de 40 millions de personnes. »

Le commentaire de Laurent Comparot, socialiste aulnaysien :

« Un billet scandaleux qui sous prétexte de rendre hommage aux victimes de l’esclavage et de la traite met en accusation les autres formes historiques d’esclavagisme. Madame Billard s’inscrit bien dans cette ligne révisionniste qui relativise l’esclavagisme européen. Elle évoque le racialisme comme d’autres évoquent l’indigénisme pour qualifier la pensée antiraciste décoloniale.
Il est fort heureux que madame Billard ne soit plus membre du groupe d’élus issus du mouvement Aulnay en Commun dont elle a trahi les principes et les idées. »

Ma réponse à Laurent Comparot :

Encore heureux que je rende hommage à toutes les victimes passées et actuelles (40 millions) de l’esclavage et de toutes les formes de traites ! Pas vous ?

Et en quoi évoquer les travaux d’historiens sur les formes de traites constitue-t-il un « révisionnisme » et un « relativisme » ? Si je saisie bien votre raisonnement pour ne pas relativiser la traite atlantique, il faut

relativiser les traites arabo musulmane et intra africaine. Et pour ne pas relativiser la traite négrière, il faut relativiser la traite « blanchière ». Si je saisie bien votre raisonnement :

– une traite est plus tolérable qu’une autre en fonction de la couleur de peau et de la religion des auteurs et des victimes,

– la souffrance des uns est davantage digne de respect que celle des autres en fonction de la couleur de peau et la religion des victimes.

N’est-ce pas vous qui « revisionnez » et relativisez ? Il semblerait que vous n’acceptiez l’histoire que lorsqu’elle vous permet de racialiser en rond. Moi je reprends fièrement la défense de l’universalisme de nos valeurs -que vous avez manifestement perdu de vue – en affirmant comme l’un de mes commentateurs que « toute solidarité qui ne s’applique pas au genre humain dans son ensemble porte en germe la haine de l’autre ».

Enfin, pourriez-vous expliquer en quoi consiste ma trahison aux principes et idées d’AEC à partir d’éléments factuels ? Encore une accusation que vous aurez du mal à étayer.

Sylvie Billard, mes petites brèves de mai (5/10) 10 mai : Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions

Écoutons avec respect les descendants des 42 millions de personnes réduites en esclavage en 13 siècles par les traites atlantique, arabo-musulmane et intra-africaine. Ne cédons rien aux racialistes qui jugent coupables les seuls Occidentaux pourtant les seuls à avoir d’eux-mêmes aboli l’esclavage et à s’en repentir et qui épargnent les Arabo-musulmans et les Africains tout aussi responsables sans avoir jamais reconnu officiellement leur responsabilité. Ne jugeons pas les descendants occidentaux, arabo-musulmans et africains des acteurs de ces traites, car ils ne sont pas responsables des crimes de leurs aïeux.

Fort.e.s d’un passé connu, officiellement reconnu et assumé, écoutons respectueusement les souffrances endurées et luttons contre la réduction actuelle en esclavage de 40 millions de personnes.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te.s les Aulnaysien.ne.s

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Sylvie Billard, mes petites brèves de mai (2/10) 8 mai : Commémoration du 76e anniversaire de la Victoire du 8 mai 1945

La France se doit de témoigner son éternelle reconnaissance à tou.te.s les combattant.e.s qui ont œuvré à sa libération.

Le caporal-chef Kaba Doumbia, tirailleur malien, est l’un d’eux. Décédé à 100 ans en avril dernier, il participa au débarquement de Provence en août 1944 et poursuivit le combat jusqu’à la capitulation nazie du 8 mai 1945. Démobilisé en 1946, il toucha sa première pension en 1980, 34 ans plus tard ! Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur lors des cérémonies commémoratives du 70e anniversaire du Débarquement et décoré de la médaille du Souvenir français fin 2020.

Après avoir honoré 3 résistantes, Aulnay-sous-Bois s’honorerait à donner le nom de Kaba Doumbia à l’une de nos prochaines rues.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te.s les Aulnaysien.ne.s

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Sylvie Billard : mes petites brèves de mai, commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon (1/10)

Cher.e.s Aulnaysien.ne.s,

Après plusieurs articles de fond, voici mes petites brèves en lien avec l’actualité notamment commémorative de ce mois de mai. Ces commémorations doivent être l’occasion de :

  • se souvenir des faits historiques en toute objectivité,
  • confronter les mémoires par rapport aux faits historiques et les expériences ou avis par rapport aux thématiques abordées,
  • réfléchir à ce que l’on éprouve face à ces faits, ce que l’on accepte ou pas et pourquoi,
  • réfléchir à ce que nous voulons pour nous-mêmes et autrui pour aujourd’hui et demain,
  • mettre en avant et en action les valeurs auxquelles nous croyons.

Votre avis m’intéresse. Alors bonne lecture et bon commentaire !

5 mai : Commémoration du bicentenaire de la mort de Napoléon

Plutôt que de condamner ou de plébisciter Napoléon, relisons l’Histoire.

Le saviez-vous ?

  • Après avoir rétabli ces abominations que sont la traite et l’esclavage dans les Antilles françaises en 1802, Napoléon le regretta et les abolit de nouveau en 1815. Mais 1815 n’efface pas 1802.
  • Il mena de nombreuses batailles souvent victorieuses. Mais rappelons-nous qu’après avoir institué la première République Européenne, la France était entourée de monarchies qui voulaient sa chute aussi bien sur le continent qu’aux Antilles où la canne à sucre était le pétrole de l’époque. Napoléon mit fin à la guerre civile en France et protégea la France des attaques des autres puissances européennes par la guerre. La guerre était alors – depuis des millénaires et partout dans le monde – une modalité acceptable de règlement des conflits.
  • Il promulgua de nombreux codes permettant l’égalité de tous devant la Loi… à défaut d’être égalitaires. L’un d’eux, le Code civil, fut adopté par de nombreux pays dans le monde.

Juger l’histoire à l’aune des valeurs de 2021 est anachronique, mais surtout de biais racialistes est irresponsable. Que chacun.e assume son histoire et cherche à construire pour tou.te.s un avenir de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te. s les Aulnaysien. ne. s

Votre.elue.citoyenne@gmail.com

Le report du défilé Napoléonien à Aulnay-sous-Bois serait-il dû à la météo ou à une raison politique ?

Napoléon fait partie intégrante de l’histoire de France, Aucun historien ne serait-ce qu’un peu sérieux n’oserait dire que l’empereur n’a pas marqué l’histoire de France. Alors que la France traversait une crise sans précédent avec la Révolution et les guerres déclenchées contre l’Europe entière, le militaire talentueux avait réussi à s’imposer grâce à sa stratégie astucieuse et son sens du commandement. L’espace d’un peu plus de 10 ans, la France était devenue la première puissance Européenne, dominant outrageusement le continent et dictant sa volonté aux nations asservies.

Mais voilà, Napoléon, c’est aussi des paradoxes, des erreurs politiques et des décisions aujourd’hui polémiques. Si Napoléon a instauré le code civil, l’état centralisateur avec ses préfets qui sont les donneurs d’ordre de l’exécutif, le baccalauréat pour sortir les Français de la misère intellectuelle et les départements qui existent encore aujourd’hui, c’est aussi l’homme qui a déclenché une répression horrible en Espagne et qui a restauré l’esclavage. Et c’est bel et bien ce dernier point, la restauration de l’esclavage, dont il est question aujourd’hui.

Bruno Beschizza est un admirateur de l’empereur, comme beaucoup de français. Et comme plusieurs personnalités politiques, ils souhaitent rendre un hommage prononcé à celui qui a modernisé le France et qui l’a poussée jusqu’à son apogée. Mais faire abstraction au côté sombre de Napoléon aurait pu avoir des répercussions politiques.

En effet, Aulnay-sous-Bois est une ville cosmopolite avec une communauté Antillaise et d’Afrique subsaharienne importante. Comme l’expliquait Sylvie Billard dans ses recherches, la communauté Africain subsaharienne a connu l’esclavage via le commerce triangulaire (via les puissances Européennes de l’époque), mais aussi la traite arabo-musulmane (qui a touché notamment la Tanzanie, la Centrafique, le Congo et le Burkina-Faso), sans oublier l’esclavage intra-africain (certaines civilisations Africaines pratiquaient l’esclavage). Honorer la mort de celui qui a rétabli l’esclavage en Europe aurait eu des plus mauvais effets à quelques semaines des élections départementales 2021, notamment pour la paire LR, ultra favorite. La Gauche n’aurait pas hésité à utiliser cet événement pour inciter les électeurs d’origine africaine et antillaise à se détourner du tandem Cannarozzo – Maroun (LR). On voit mal la grande armée Napoléonienne battre en retraite aux premières gouttes de pluie !

Bien entendu, cette commémoration en grandes pompes n’est que partie remise. Comme le dit le cabinet du Maire, cela se fera avant les grandes vacances…certainement après les élections départementales de juin 2021. En attendant, chacun appréciera ou pas l’investissement consenti à commémorer la mort d’un Empereur qui fut un grand homme, mais qui a comme tout un chacun commis des erreurs. On voit mal cependant une grande ville Espagnole honorer de la sorte la mort du général Franco, celui qui parvint à préserver l’Espagne de la seconde guerre mondiale et qui put remettre le pays sur l’échiquier des puissances moyennes Européennes, ou une ville Allemande faire des cérémonies fastueuses pour honorer la disparition d’Otto von Bismarck, le père de l’unité Allemande. Car ces hommes ont eux aussi eu de très gros défauts et fait des choix contestables…

 

Napoléon et le Code civil

Cher.e.s Aulnaysien.ne.s,

Pour faire simple, la droite l’idolâtre parce qu’il incarne l’ordre. La gauche le déteste pour la même raison. Je parle de Napoléon. Son code Civil est lui aussi très décrié. Moi, je veux que chacun.e assume son histoire dans ce qu’elle a de plus et de beaucoup moins glorieux, en toute objectivité et sans juger les siècles passés à l’unique aune de nos valeurs contemporaines.

Concernant le Code civil Napoléonien, et non, ce n’est pas lui qui a rédigé. Mais sa volonté et son autorité furent déterminantes dans l’aboutissement de son œuvre de codification. En 6 ans, il promulgua 5 codes : civil en 1804 (rebaptisé « Code Napoléon » en 1807), de procédure civile (1806), de commerce (1807), d’instruction criminelle (1808), pénal (1810).

Voltaire disait que lorsqu’on voyageait en France, on changeait aussi souvent de lois que de chevaux de poste. Napoléon réussit là où la monarchie absolue et la Révolution avaient échoué : l’adoption d’un Code des lois civiles bien rédigé, facile à interpréter, consacrant le triomphe du droit écrit sur les coutumes et imposant une vision de la société et de l’État.

Portalis, présentant au Corps législatif le « Code civil des Français », déclara : « Dans le calme de toutes les passions et de tous les intérêts, on vit naître un projet de Code civil, c’est-à-dire LE PLUS GRAND BIEN que les hommes puissent donner et recevoir. » Robert Badinter, ancien ministre de la Justice, expliqua dans « Le plus grand bien… » que « Toute entreprise de codification, pour réussir, requiert trois conditions : un moment favorable, des juristes de talent, une volonté politique ». Sous le Consulat et l’Empire, ces conditions furent réunies et le rôle de Napoléon essentiel.

La chute de l’Empire n’arrêta pas l’expansion du Code civil. En France, la poussée démocratique de 1848 lui donna un nouveau souffle et dans de nombreux pays du monde entier, il servit de modèle :

  • En Europe, Grèce (1821), Belgique (1804), Pays-Bas (1837), Portugal (1867), Italie (1865), Roumanie (1864), Espagne (1889), Luxembourg, Monaco, grand-duché de Varsovie créé par Napoléon pour redonner un État aux Polonais (1807), certains États allemands ;
  • À l’international au XIXe siècle : Égypte, République Dominicaine (1825), Haïti (1826), Bas-Canada (1866), tous les pays d’Amérique latine, île Maurice même après la conquête britannique, État de Louisiane aux États-Unis (1808), dans la plupart des pays de l’empire colonial français en Afrique du Nord, Afrique noire et Asie.

En 1960, plus de 70 États s’étaient inspirés du Code civil français. Il serait injuste de voir dans son adoption l’unique effet de la guerre ou de la colonisation : le Code jouissait d’un tel prestige, souvent lié à celui de la Révolution française, que beaucoup de juristes le réclamaient.

Cependant, son aura internationale laissa place à partir du milieu du XXe siècle à de fortes critiques sur certains de ses aspects : oublieux du sort des esclaves et des hommes libres de couleur, consacrant le statut de mineur des femmes mariées, instituant l’autorité absolue du père et du propriétaire, s’opposant à l’esprit d’association. Pour ces raisons, il fut qualifié de « législation bourgeoise et masculine » et de « condensé de l’idéologie bourgeoise ».

En France, il fallut attendre :

  • 1970 pour remplacer la fonction de chef de famille par l’« autorité parentale »,
  • 1972 pour reconnaître l’égalité des droits des enfants issus d’un couple marié ou non,
  • 1975 pour permettre le divorce par consentement mutuel.

Mais de nombreuses parties du Code civil furent peu modifiées. 

Sylvie Billard
L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s
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Le rêve d’unité européenne

Cher.e.s Aulnaysien.ne.s,

En cette période de commémoration napoléonienne qui déchaîne les passions, je voulais partager avec vous cette réflexion sur le rêve d’unité qui habite les Européens depuis la chute de l’Empire Romain d’Occident en 476 après JC. Plusieurs monarques et empereurs européens s’y essayèrent par la guerre et les alliances matrimoniales (Charlemagne, Otton 1er, Charles Quint…). Napoléon n’est que l’un d’eux, mais lui seul est l’objet de toutes les critiques d’AEC [NDLR : Aulnay En Commun, groupe d’opposition municipale à Aulnay-sous-Bois]. Pourtant, nous célébrons également cette année la Commune de Paris, qui a fait suite à l’instauration d’un autre Empire, celui d’Allemagne, qui a annexé l’Alsace et la Lorraine. Pourquoi AEC critique Napoléon et pas Guillaume Ier de Prusse ?

L’Empire Carolingien (800-924)

Prolongeant le royaume des Francs, l’Empire Carolingien (800-924) s’affirmait continuateur de l’Empire Romain d’Occident. Pour faciliter les transactions commerciales, Charlemagne instaura une monnaie unique, entretint les routes, favorisa les foires. Il adopta également une politique culturelle ambitieuse : mise en place d’écoles et de bibliothèques, restauration de l’étude des auteurs latins et grecs, construction de cathédrales, unification de la langue officielle avec le latin…

Le Saint Empire Romain Germanique (962-1806)

Le Saint Empire Romain Germanique – qui dura 844 ans, 6 mois et 4 jours – se voulait également continuateur des Empires Carolingien et Romain. La dynastie des Ottoniens forma cet Empire à partir de l’ancienne Francie orientale carolingienne

Charles Quint, issue de plusieurs lignées royales européennes, est l’une des figures les plus connues de cet Empire qui prit fin avec les conquêtes napoléoniennes.

L’Empire Napoléonien (1801-1815)

Napoléon fut constamment tiraillé entre la volonté de libérer chaque peuple d’Europe en modernisant sa Nation conformément aux Lumières et celle de donner à la France une place hégémonique en Europe. « Nous avions alors pour but d’organiser un grand système fédératif européen (…) conforme à l’esprit du siècle ». Il voulait « les mêmes principes, le même système partout… une même monnaie sous des cours différents, les mêmes poids et mesures, les mêmes lois, etc. » (…) pour « qu’un même peuple et chacun, en voyageant partout se fût toujours trouvé dans la patrie commune ». Il voulait l’unité de chaque peuple, puis réaliser les États-Unis d’Europe ». Il voulait l’unité des codes, des principes, des opinions, des sentiments, des vues et des intérêts. « Alors peut-être à la faveur des lumières universellement répandues, devenait-il permis de rêver, pour la grande famille européenne, l’application du Congrès américain, ou celle des Amphictyons de la Grèce ; et quelle perspective alors de force, de grandeur, de jouissance, de prospérité ! Quel grand et magnifique spectacle ! ».

L’Empire Allemand (1871-1918)

L’unité allemande, voulue par Napoléon, se construisit à l’occasion de la guerre franco-prussienne de 1870. La défaite de Napoléon III à Sedan permit cette unification autour de la Prusse. L’Empire d’Allemagne qui en résulta disparut après sa défaite en 1918. L’Allemagne devint alors une république.

Pourquoi AEC résume-t-elle l’histoire de France au colonialisme et à l’esclavagisme ? Pourquoi critique-t-elle Napoléon et pas Charles Quint et Guillaume Ier de Prusse ? Pourquoi critique-t-elle les aspects négatifs de Napoléon et pas les positifs ? Pour ma part je n’apprécie pas son autoritarisme, mais il était propre à cette époque, et je souhaiterai que notre ville célèbre également la Commune.

Mais de grâce, que chacun.e assume son histoire en toute objectivité et construise pour tou.te.s un avenir de liberté, d’égalité et de fraternité.

Sylvie Billard

L’élue citoyenne de tou.te. s les Aulnaysiens. ne. s

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Commémoration de l’esclavage, de la traite négrière et de leur abolition : que chacun.e assume son histoire et construise pour tou.te.s un avenir de liberté, d’égalité et de fraternité (3/5)

2. La traite des blancs : la plus méconnue

Environ 4,5 millions de « blancs » ont été réduits en esclavage par les pirates barbaresques du Maghreb et les Ottomans entre le XVe et le XIXe siècle avec un apogée entre 1580 et 1680.

Déjà existante au XIIIe siècle, la traite barbaresque redoubla à la suite de l’expulsion des Maures d’Espagne qui – de retour au Maghreb – se lancèrent alors dans le djihad en razziant principalement les côtes méditerranéennes, mais également d’Angleterre, d’Irlande, des Pays-Bas et parfois d’Islande. Dans son ouvrage « Christian slaves, muslim masters: white slavery in the Mediterranean, the Barbary Coast, and Italy, 1500–1800 », Robert C. Davis estime qu’entre le XVIe et le XVIIIe siècle, les Barbaresques de Tunis, Alger et Tripoli réduisirent de 1 à 1,2 million de chrétiens européens blancs en esclavage et entre 1785 et 1815 environ 700 Américains. En 1816, après le bombardement d’Alger, le dey d’Alger signa un traité prévoyant la libération de tous les esclaves européens et l’abolition de la traite d’esclave. Mais c’est en 1830 que les troupes françaises libérèrent les captifs lors de la reddition d’Alger. En Tunisie, il est aboli en 1846. C’est la France qui a aboli l’esclavage dans les pays qu’elle a colonisés. Cette traite barbaresque, très lucrative, a permis notamment de financer les plus belles mosquées de ces pays. C’est le cas notamment de la Zitouna à Tunis.

Entre 1450 et 1700, l’Empire ottoman réduisit quant à lui en esclavage environ 2,5 millions européens. Les captifs étaient employés dans l’armée, la marine, les harems, au domicile des riches familles ou par des artisans. À partir du XIVe siècle, les Ottomans créèrent des unités d’élite constituées d’enfants de familles chrétiennes capturés comme esclaves qu’ils convertissaient à l’islam, encasernaient très jeunes, éduquaient en Turcs ottomans et qu’ils finissaient par émanciper en tant que janissaires, soldats d’élite de l’infanterie appartenant à la garde du sultan. En 1453, ces terribles soldats firent tomber « l’imprenable » Constantinople, dernier bastion de l’Empire romain d’Orient.

De 1500 à 1650, le nombre d’esclaves européens blancs dépassa largement celui des noirs africains déportés aux Amériques. La vie des esclaves blancs en Afrique ou en Turquie n’était guère meilleure que les pires conditions des esclaves noirs aux Amériques.

À quand une commémoration de l’esclavage, de la traite des blancs et de leur abolition au Maghreb, au Machrek et en Turquie ?

Sylvie Billard
L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s
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Commémoration de l’esclavage, de la traite négrière et de leur abolition : que chacun.e assume son histoire et construise pour tou.te.s un avenir de liberté, d’égalité et de fraternité (2/5)

1. La traite des noirs

Entre les VIIe et XXe siècles, les 3 traites asservirent environ 42 millions d’Africains :

  • L’atlantique, 11 millions sur 110 ans,
  • L’orientale, dont l’arabo-musulmane avec 17 millions sur 13 siècles,
  • L’intra-africaine, 14 millions majoritairement au XIXe siècle.

Traites occidentale et orientale des VIIe au XIXe siècles

1.1 La traite atlantique : la plus dénoncée

Pratiquée entre les XVIe et XIXe siècles, cette traite est la plus connue et la plus dénoncée. Prenant exemple sur les Espagnols et les Portugais, qui – les premiers – implantèrent l’esclavage aux Amériques, les Français s’y mirent également. Alors qu’en 1315 un Édit stipula que tout esclave touchant le sol français devait automatiquement libre, eut lieu en 1594 la première expédition négrière française. Louis XIII autorisa la traite en 1642. En 1685, Louis XIV édicta le Code noir qui réglementa la vie des esclaves dans les colonies françaises, leur dénia tout droit juridique et officialisa le statut des esclaves comme des « biens meubles », que l’on peut posséder, vendre ou échanger.

Nombre de captifs (en milliers) par pays ayant organisé leur déportation

Entre la fin du XVIIIe et le XIXe, un grand nombre d’États occidentaux décidèrent d’abolir la traite et l’esclavage.

Cette abolition – qui mis du temps à se traduire dans les faits – ne doit pas faire oublier qu’elle résulte certes des mouvements abolitionnistes européens, mais également des luttes menées par les esclaves eux-mêmes.

Le cas de Saint-Domingue (Haïti) est de ce point de vue emblématique. De 1791 à 1804, sous la direction de François Dominique Toussaint Louverture puis de Jean-Jacques Dessalines, tous deux anciens esclaves émancipés, l’île connue la première révolution anti-esclavagiste du continent américain, point d’orgue de la « chaîne des insurrections » aux Antilles.

En 1793, pour rétablir le calme et éviter que les esclaves ne livrent l’île aux Anglais en échange de leur affranchissement, l’esclavage fut progressivement aboli sur l’île avant de l’être à la Guadeloupe en 1794 par la Convention.

Mais en 1801, dans un contexte de guerre européenne pour la domination des Antilles et des Amériques, s’ajoutant aux guerres continentales, Napoléon – alors 1er Consul – fut pris de court par Toussaint Louverture qui, après sa victoire sur les Anglais, chassa les Espagnols, se nomma Gouverneur général à vie de l’île réunifiée et mena dès lors une politique indépendante. Saint-Domingue représentant plus de 50 % de la production mondiale de sucre (le pétrole de l’époque en termes d’importance économique), il était hors de question pour Napoléon de la perdre. Par ailleurs, la même année, en Guadeloupe, à Sainte-Anne et Pointe-à-Pitre, des officiers noirs se soulevèrent contre le pouvoir colonial. L’empire caraïbe était menacé. La réaction fut d’autant plus violente que Bonaparte était entouré d’un puissant lobby colonial et que les Anglais voyaient d’un mauvais œil cette abolition qu’ils n’envisageaient pas dans leurs colonies où ils craignaient un embrasement. Napoléon Bonaparte profita du répit continental suite à la signature de la paix à Lunéville avec l’Autriche en 1801, pour rétablir la souveraineté française sur Saint-Domingue et la Guadeloupe.

Après la paix d’Amiens de 1802 prévoyant la restitution par l’Angleterre à la France de la Martinique, Sainte-Lucie et Tobago non visés par le Décret de 1794, Napoléon maintint l’esclavage dans ces territoires récupérés, puis le rétablit en Guadeloupe, Guyane et Saint-Domingue. Pour l’historien Jean-Joël Brégeon, Napoléon était initialement défavorable au rétablissement de l’esclavage. Mais pour l’historien Jean-François Niort, Bonaparte – manipulé par le lobby esclavagiste – fut convaincu que le rétablissement de l’ordre en Guadeloupe et à Saint-Domingue nécessitait le rétablissement de l’esclavage. Il « réussit » en Guadeloupe, mais à Saint-Domingue l’expédition française fut défaite en 1803. La révolution de Saint-Domingue, devenue Haïti, constitua la première révolte d’esclaves réussie et Haïti devint en 1804 la première République noire indépendante du monde moderne.

Pour les historiens Pierre Branda et Charles-Eloi Vial même sans Napoléon, « le rétablissement de l’esclavage était assez probable » à l’époque. Par la suite, Napoléon dira qu’il avait commis une faute. À son retour d’exil de l’île d’Elbe durant les Cent-Jours, il ordonna en 1815 l’interdiction de la traite et de la vente d’esclaves. Battu à Waterloo, l’Empereur fut contraint d’abdiquer une deuxième fois.

Louis XVIII regagna son trône le 8 juillet et institua la Seconde Restauration. Tous les actes de « l’usurpateur » furent annulés. En 1817, Louis XVIII prohiba l’introduction d’esclaves noirs dans les colonies françaises. En 1818, la Loi renouvela l’interdiction de la traite. En 1827, la loi la qualifia de crime. En 1831, Louis-Philippe renforça les dispositions contre la traite.

Il faudra attendre 1848 pour que l’abolition de l’esclavage soit décrétée. L’abolition permit d’émanciper 250 000 esclaves des colonies françaises. Une Loi de 1849 prévoyait d’indemniser les anciens propriétaires d’esclaves « ayant dû appliquer l’interdiction de l’esclavage » et ainsi perdre leur main-d’œuvre gratuite… Loi abrogée en 2016 !

Bien que cette traite atlantique soit la plus connue et reconnue et qu’elle ait été abolie il y a 159 ans, elle est la plus dénoncée par les racialistes qui pour mieux dénoncer un soi-disant privilège blanc taisent les traites orientale et infra-africaine et plus encore celle des blancs.

1.2 La traite orientale ou arabo-musulmane : la plus taboue

La traite orientale désigne le commerce d’esclaves approvisionnant les Proche-Orient, Moyen-Orient et Orient durant l’antiquité. Le développement d’empires (Égypte, Assyrie, Babylone, Perse, royaumes hellénistiques, Carthage, Rome, Chine…) nécessitant une main-d’œuvre abondante et pas chère, des filières de commerce d’esclaves se mirent en place.

Le christianisme et l’islam ne proscrivirent que l’esclavage de leurs propres croyants, mais pas celui des « infidèles », bien que les noirs musulmans ne bénéficièrent pas de cette règle.

La traite arabo-musulmane, principale composante de la traite orientale a duré du milieu du VIIe siècle au début du XXe siècle, avec une intensification aux XVIIIe et XIXe siècles. Le monde musulman, à son apogée, s’étendant sur trois continents, de l’océan atlantique (Maroc, Espagne) à l’Inde et le sud de la Chine, la traite arabo-musulmane répondit aux besoins de main-d’œuvre et poursuivit les routes déjà empruntées durant l’Antiquité :

L’esclavage en terre d’islam a recouvert des réalités très diverses. Outre le fait que parmi les esclaves, les Africains étaient de loin les plus nombreux, les possibilités d’émancipation et d’ascension sociale différaient considérablement pour un Africain soumis au travail forcé, une Circassienne destinée à un harem ou un jeune des Balkans intégré de force dans l’armée, comme les janissaires.

La mortalité des esclaves noirs fut encore plus effroyable que dans le cadre de la traite atlantique pourtant déjà considérable. Outre les tués, les blessés ou faibles exécutés sur place lors des razzias, les décès lors du transport, pour une personne « exportée », trois ou quatre périssaient. Ensuite, le taux de survie et de reproduction des populations noires déportées dans le monde arabe – bien plus faible qu’aux Amériques où ils ont prospéré démographiquement – s’explique par leurs conditions de vie très dégradées et par la castration fréquente des captifs et l’infanticide afin que ces Africains ne fassent pas souche dans le monde arabo-musulman.

Pour l’anthropologue Franco-Sénégalais Tidiane N’Diaye, auteur du « génocide voilé » (Éditions Gallimard), la majorité des Arabes ont islamisé les peuples africains, le Coran d’une main, le couteau à eunuque de l’autre. Derrière le prétexte religieux, ils commettaient les crimes les plus révoltants et les cruautés les plus atroces.

« Cette traite, qu’il est difficile de ne pas qualifier de génocide de peuples noirs par massacres, razzias sanglantes puis castration massive, chose curieuse, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient la voir recouverte à jamais du voile de l’oubli, souvent au nom d’une certaine solidarité religieuse, voire idéologique. »

En effet, entre musulmans on ne doit pas se critiquer. De plus, évoquer la traite arabo-musulmane reviendrait à minimiser la traite transatlantique qui lui est postérieure. Enfin, l’abolition de la traite et de l’esclavage en Afrique et en Afrique du Nord a été imposée par les puissances coloniales au XIXe et XXe siècles (remplaçant souvent l’esclavage par le travail forcé) et non suite à un mouvement abolitionniste arabo-musulman et africain.

1.3 La traite infra-africaine : la plus tue

« La question des traites internes au continent africain est un sujet quasi tabou en Afrique. Ibrahima Thioub témoigne de la sensibilité du sujet, lors d’une conférence organisée en 2001 à Bamako : “la réaction de la salle, en tout cas, du côté des Africains, a été d’une violence à laquelle je ne m’attendais pas du tout. Il y a eu cette réaction épidermique, mais peu scientifique à ma communication. Quand je suis sorti de la salle, des Africains sont venus me voir […] pour me dire : ‘ce que vous dites là, c’est vrai, vous avez raison, on doit explorer cet aspect des choses, mais il ne faut pas le dire devant les blancs’ ».

Les traites orientale et atlantique ont pourtant été facilitées par la préexistence de traites internes au continent africain depuis l’Antiquité, destinées à satisfaire les besoins de main-d’œuvre de l’Afrique noire précoloniale. Selon Patrick Manning, la traite Infra-Africaine aurait concerné au moins 14 millions de personnes :

  • huit millions d’africains furent razziés en Afrique de l’Est, transportés par la route transsaharienne vers le Maroc ou l’Égypte ;
  • neuf millions furent déportés dans les régions de la mer Rouge ou de l’océan indien.

Ibrahima Thioub, chercheur sénégalais étudiant les responsabilités africaines dans la traite des esclaves, feint de s’interroger : « Est-ce à dire que les esclaves tombaient du ciel ? Il a bien fallu les produire. Il n’y a aucune puissance qui a les ressources pour venir sur les côtes africaines, pénétrer à l’intérieur du continent […] pour les exporter. Des élites africaines ont très bien compris l’avantage qu’elles pouvaient tirer de ce facteur externe qui arrive sur les côtes africaines », de ce commerce triangulaire développé entre l’Europe, l’Afrique et le continent américain.

Après leur capture à l’intérieur de l’Afrique, les esclaves étaient confiés à des caravaniers qui les ramenaient sur le littoral où ils étaient revendus en l’échange de tissus, alcool, matières brutes (métaux, tabac…), sel, épices, outils, quincailleries, verroteries très recherchées pour les parures, et les armes alimentant les guerres incessantes entre différents royaumes.

À partir du XVe siècle, les sociétés africaines répondirent à la traite Atlantique par une violence sans précédent. Entre le XVe et le XVIIIe siècle, plusieurs royaumes ont prospéré dans le golfe du Bénin grâce au commerce des esclaves.

Fin XVIIIe et courant XIXe, en raison de l’abolition de la traite atlantique, de nombreux États africains dépendants de la traite internationale des esclaves réorientèrent leurs économies vers l’exploitation d’esclaves dans les plantations domestiques.

Le géographe Yves Lacoste rappelle qu’une bonne partie des élites d’Afrique occidentale venues au pouvoir au XXe siècle appartiennent à des ethnies autrefois négrières.

« Sur la côte Atlantique, bien des bourgeoisies locales ont un lien de parenté étroit avec des rois ayant vendu des Africains aux Occidentaux. Aujourd’hui, encore, une partie de l’hostilité entre des ethnies côtières qui ont ‘collaboré’ et celles de l’intérieur du continent qui ont été déportées, est héritée de cette époque. D’autre part, de nombreux esclaves libérés se sont à leur tour livrés à la traite négrière, du Liberia en passant par la Sierra Leone ou le Bénin. (…)

Plus au nord, dans des pays comme le Sénégal et le Mali, le sujet est tout aussi délicat à aborder. Certaines ethnies, notamment les Peuls, se sont livrées à des razzias. Des ‘djihads’ qui n’aboutissaient pas uniquement à des conversions : il s’agissait aussi de fournir des esclaves au monde arabo-musulman. Aujourd’hui encore, de l’Afrique de l’Ouest au Darfour, des Africains sont vendus par des marchands d’esclaves».

Les populations locales sont d’autant moins choquées par les traites d’hier qu’elles persistent aujourd’hui encore. Pour toutes ces raisons, c’est donc naturellement que descendants de victimes et de bourreaux condamnent à l’unisson l’Occident.

Sylvie Billard
L’élue citoyenne de tou.te.s les aulnaysien.ne.s
Votre.elue.citoyenne@gmail.com